Course pascale de Pocking (Allemagne) 20 Avril 2014

Wir fahren auf der Autobahn

Un électronique « Autobahn » grésille des enceintes de ma voiture. Quoi de plus adapté que ce morceau du génial groupe Allemand Kraftwerk pour empiler les 700 kilomètres devant me mener à la frontière Autrichienne ? Le pilote Bavarois Valentin Grobauer m’avait indiqué il y a quelques jours qu’il me serait plus judicieux de partir la veille de cette course à Pocking afin d’éviter sur l’A99 les cohortes de Bmw Touring et autres Break VW partis à la chasse aux œufs de Pâques en Bavière et en Autriche.

Cela fait une quarantaine d’années que je traverse l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie. D’abord installé dans un landau, bien peinard sur la banquette arrière en skaï noir de la Renault 16 de mon père puis ce fût en Sochalienne 504 et 505 jusqu’au jour où, le permis en poche, je pris la route afin de couvrir les 1600 km séparant ma Lorraine de Miskolc en Hongrie, située non loin de la frontière Ukrainienne à bord de ma modeste Opel Corsa. La nuit, je redoutais le passage des teutoniques Porsche, Bmw et des « Kolossales » Mercedes : me doublant telles des Heinkel UHU en chasse dans un lourd vrombissement. Ma guimbarde embarquée dans leur souffle, swinguait alors frénétiquement tel un zazou dans une cave de Saint-Germain-des-Prés…

Servus Bavaria !

Durant ces quarante dernières années, je n’ai que très rarement rencontré des rubans de goudron désert en Allemagne. Ce fut le cas ce week-end. Ayant suivi le conseil de Valentin, je suis arrivé à Munich des samedi soir sans encombre. Ils sont marrant ces Bavarois. Tel un Diesel, ils ont du mal à démarrer puis la confiance installée, ils débordent de chaleurs en vous accueillant avec un traditionnel « Grrrrrüss gott » ou un « Serrrrrvus », une Helles im Glas à la main. En fin de soirée, quelques minutes à regarder perplexe à la téloche, « Deutschland sucht den Superstar » on suffit pour confier ma nuit à Nyx.

Pocking ?

Après la matinale rencontre avec l’ami ricoré, j’ai pris la route menant à Pocking, petite ville située à quelques kilomètres de la frontière Autrichienne. Paradoxalement, la quasi-totalité des pilotes de cette course n’ont jamais tourné sur cette piste. Pourtant l’anneau de Pocking, est une très belle et grande piste. Pocking est une piste légendaire. Le Rothal Stadium (stade accueillant la piste) fut construit au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

DSC_4952Entre les années 60 et 70, le Msc Pocking, a organisé des courses sur son anneau de Longtracks de 750 mètres. Puis dans les années 80, Pocking, après avoir modifié le tracé de sa piste a accueilli des courses de speedway. Une inscription sur l’un des bâtiments, rappel que la finale du championnat du monde 1993 s’est déroulée sur cette piste Bavaroise avec des pilotes tels que Sam Ermolenko, Tomasz Gollob, Hans Nielsen, Per Jonsson, Leigh Adams, Erik Gundersen, Greg Hancock ou un certain Armando Castagna… Vous avez dit Castagna ?…

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pocking_0019Un imbroglio juridique contraint le club à ne pouvoir organiser que deux évènements pas an. L’an dernier, en raison de la pluie tombée en Avril, le club a ouvert : 0 jour…(0 virgule 0 Monsieur Blutarsky…) Cette situation impact lourdement le club : impossibilité de participer à la Buli (Bundesliga), impossibilité de participer à la Team Cup, impossibilité d’organiser des entrainements. Imaginez la frustration des pilotes habitant à moins de cinq minutes de la piste devant faire plusieurs centaine de kilomètres pour s’entrainer. Non, ceci n’est pas un exemple d’abus de droit.

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Machines de Longtrack de Stephan Katt au premier plan

C’est le jeune Marc Herter qui m’a accueilli sur le parking du circuit. La veille, il a participé à une course de juniors durant laquelle il a récolté 7 points. Très cordialement, il me propose de boire un jus. Je reconnais quelques membres du club de Diedenbergen. Cela me fait plaisir de les voir. Nous parlons chiffons methanolés durant quelques instants avant que je rejoigne les paddocks afin de récupérer mon laissez-passer. Quelques pilotes sont déjà présents : Valentin Grobauer, Martin Smolinski, Stephan Katt, ainsi que l’Italien Paco Castagna. Je salue Johannes Grobauer ainsi que Valentin. Il a remporté la veille une course junior haut la main. Johannes (merci à lui) me tend mon bracelet rose fluo me permettant de circuler librement dans l’enceinte du club.

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I have a dream by Sebastian Carlson
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Better than dreaming a live…
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Machine de Sebastian Carlson
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Machine de Mark Riss

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Je me dirige vers la piste afin de l’observer et de connaitre l’état de sa surface. Le Samedi la pluie a trempé la piste mais un vent assez fort a réussit à sécher celle-ci. La matière est assez bien tassée tout en restant tout de même relativement meuble. Pocking est une piste de 400 mètres munie de deux courbes d’environ 17 mètres de large et de deux lignes droites d’environ 90 mètres et de 10 mètres de large.

DSC_5129Matador local :

Habitant à moins de cinq minutes de la piste, Valentin Grobauer se devait d’être présent à Pocking. La veille, Valentin a remporté (3,3,3,3,3) la course U21 organisée par le club de Pocking. Setups parfait alors, Valentin m’a indiqué que ses départs étaient impeccables. 24 heures plus tard, Valentin a connu des problèmes dans ses réglages le pénalisant lourdement dans ses départs. Afin de trouver une solution, il a alors tenté d’adopter différents réglages (rapports de pignons) en vain. Avec seulement 5 petits points (1,1,2,1,0,0) récoltés, cette journée sera certainement pour lui à oublier rapidement.

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Les cloches de Rome :

Le sympathique Paco Castagna est là. Pour ce petit gars originaire d’Italie du nord, le sourire n’est pas une option. Cela fait plusieurs fois que je le croise sur différentes pistes Européennes. A chaque fois Paco à la banane. Le speedway semble être pour lui avant tout un plaisir. Il a répondu à l’invitation du club de Pocking. J’évoque avec lui sa première manche du championnat Italien de cette année au cours de laquelle, il a terminé à une excellente 3 ieme place.

L’un des membres de la course procède à la vérification de ses machines. L’examinateur est intrigué par les jantes (fabricant Italien Kineo) de Paco avec rayonnage externe et non interne. « Ma ché ! elles sont chââârmantes mes jolies jantéééés ».

Je plaisante avec Paco sur ses moteurs Jawa JRM en lui indiquant que probablement dès l’année prochaine, il sera le dernier pilote à utiliser des Jawa en sus et lieu des GM Italiens. Il sourit et m’informe que même Nicolas Vicentin commence à utiliser des GM Italiens. Je jette un coup d’œil en dessous des protections moteurs : Elise et Azure sont inscrits sur ses moteurs. Paco perpétue cette tradition qu’adoptent quelques pilotes en baptisant leurs moteurs d’un prénom afin de les reconnaitre.

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Paco Castagna !

Je demande à Paco s’il a pu faire un essai avec sa machine le matin. Il me répond par la négative: sa première manche fera office de galop d’essai. La récolte de la « châtaigne » (Castagna en Italien) fut très bonne avec 13 points (2,3,3,2,0,3). Paco fût l’un des acteurs volontaires de cette journée. Menant de belles manches, se jouant des Dupont et Dupond Allemand (Mark et Erik Riss), de Valentin Grobauer ou même de l’expérimenté Stefan Katt.

DSC_5526Pour cette course, Paco a sorti le « matos » des grands jours en ayant monté son système de blocage de suspension lors des départ (système Speedway Start System de Tomasin R&D utilisé un temps par Tai Woffinden). Afin d’armer telle une arbalète son bidule, Paco de manière très étrange donnait l’impression de grimper sur sa fourche avant chaque manche.

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Castagna : la châtaigne !
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L’arme secrète de Paco pour les départs canons : le vérin magique…
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Amorçage du bidule secret toujours pour les départs canons de Paco.

L’attitude de Paco sur ses machines en courbe me suggère le style du Suédois Andreas Jonsson. Plutôt grand, Paco adopte dans les courbes une position droite en laissant trainer en arrière sa semelle de fer. Il est bien possible que Paco soit avec Nicolas Vicentin présent à la ½ finale du championnat d’Europe U21 à Mâcon le 14 juin prochain…

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Manche 20 Castagna prenant la tête devant l’Allemand Katt

DSC_5770DSC_5772pocking_0074DSC_6414DSC_6393DSC_6010

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Michael Härtel
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L’Autrichien Daniel Gappmaier au départ de la manche 11
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Les fauves sont lâchés : Le Polonais Karol Zabik et le Danois Mikkel Salomonsen
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Le Danois Mikkel Salomonsen (rouge) et Daniel Gappmaier (blanc)
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Michael Härtel
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Michael Härtel

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Erik Riss & Michi Härtel

Jésus Christ superstar

Le fils « prodige » de la nation Allemande est là. Malgré son accession au championnat du monde, Martin a pris le temps de venir à Pocking. Son stand, astucieusement décoré tel le stand d’un camelot de foire, est déployé en un temps record. Martin a déjà couru la veille à Landshut (Landshut vs Brokstedt). Sa victoire au grand prix de Nouvelle-Zélande n’a pas gonflé la tête de Smoli. Pour preuve, à la demande d’une famille, Smoli est sorti du club de Pocking afin de se diriger sur le parking pour apposer sa signature sur une photo fixée sur un camping car. Voyez-vous un autre pilote de Grand Prix faire ceci ?

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Séance d’autographe improvisée sur un camping car : sympathique ce Smoli

Martin promeut avec bonheur le speedway qu’il affectionne tant. Les fans aiment Smoli. Smoli aime ses fans. Certains fans de Smoli n’ont pas hésité à se faire tatouer des « Smolis en roue arrière » sur les biscotos. Je dois vous le confesser, j’ai longtemps hésité à me faire tatouer la cueillette des olives en Basse-Provence tant cette dernière me ravit aussi. Martin s’est montré avenant avec ses fans de 7 à 77 ans : n’hésitant pas signer des autographes et faire des photos avec des fillettes quasi en transe ou de porter l’accolade aux personnes qu’il affectionne. E,U,I,A,L,T,R,S,M Bertrand Renard une suggestion ? Et bien en 9 lettres nous avons ALTRUISME…

DSC_5032 DSC_5033 DSC_5038L’objet du litige

Smoli est venu avec deux machines ressemblant fort à ses machines de grand prix. Sur le côté gauche de ses guidons, on retrouve une bague en plastique munie de deux boutons pilotant son allumage. C’est ce dispositif qui a déclenché la réprobation des 15 autres coureurs de grand prix à l’égard de Smoli. Ces derniers voient en ce dispositif un élément irrégulier dotant le team #84 d’un avantage non négligeable. En effet, les deux boutons permettent en cours de course à Martin de faire varier les réglages de son allumage lui permettant ainsi d’obtenir deux comportant distincts pour son moteur.

Ainsi, en fonction de la stratégie choisie durant une manche (et non plus juste avant une manche), Martin peu adapter ses réglages afin d’être plus à l’aise soit en intérieur de courbe, soit en extérieur. Wunderbar ! J’avais il y a quelques mois parcouru le règlement de la FIM 2014 et notamment la partie consacrée à la gestion de l’allumage. « Tiens, ils ouvrent le règlement en permettant l’usage de l’asservissement électronique de l’allumage tout en interdisant toujours la télémétrie me suis-je dit alors ». J’avoue avoir souri à la lecture de ce paragraphe très équivoque car non explicite (expliciter n’étant pas expliquer).

Est-ce que cet interrupteur apporte un avantage au Team de Smoli : oui. Martin est il un petit filou ? Non pas du tout. La démarche du Team 84 est même plutôt fine et très pro. Une lecture attentive du règlement de la Fim ainsi qu’une ingénierie correcte a permis au team de proposer une avancée technique cohérente et conforme.

Nda : Depuis le GP de Nouvelle-Zélande, la FIM a fignolé sont règlement. Dorénavant la variation des réglages de l’allumage durant une manche n’est pas permise. Cela signifie que Smoli peut toujours avoir un interrupteur (sous sa selle par exemple) qu’il ne peut utiliser durant une manche. Ceci n’a pas empêché Martin d’accéder au semi-finale avec 7 points lors du deuxième GP à Bromberg.

DSC_5027 DSC_5028 DSC_5041Pour ce qui est de la prestation de Martin à Pocking,  je ne ferais pas offense à Martin en indiquant qu’il a assuré ses manches sans forcer. Il a dominé l’ensemble de ses manches outrageusement. Le Bavarois est un cran au-dessus, nettement au-dessus tout en assurant le SAV à grand renforts de wheeling et autres cabrioles sur sa machine.

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Qu’est ce qu’il fout Smoli ? Le fil est monté et il bouge pas !…
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Ah si, il bouge tout de même !…
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Smoli (blanc) et Sebastian Carlson (jaune)
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Achhh ! ich will envoyer la Gross Kartoffeln !

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DSC_5896DSC_5485DSC_5483Sur le papier, la sélection de pilotes Allemands devait l’emporter face à la sélection de pilotes Européens composée de pilotes d’un niveau plutôt moyen. Le score final ne laisse aucun doute : 77 points pour l’Allemagne, et 48 maigres points pour le team Europa.

Il est bien rare qu’une sélection Allemande « mette » dans la sacoche près d’une trentaine de points à une équipe étrangère. Certes Smoli est ses copains on remporté la médaille d’or au dernier European best pairs sur la singulière piste Allemande d’Herxheim. La course de Pocking fut une course agréable à suivre. Sans enjeu, elle a peut-être manqué d’intensité dans les combats. Néanmoins, des pilotes comme l’Allemand Micchi Härtel, l’Italien Paco Castagna ou encore le Polonais Karol Zabik on proposés quelques beaux combats.

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Mark Riss (bleu) et le Tchèque Rene Vidner mangeant le fil
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Michael Härtel
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Rene Vidner pleine bourre
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Combat rapproché entre Mikkel Salomonsen (jaune) et Erik Riss (blanc)
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Michael Härtel (bleu) et Stephan Katt (jaune)
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Michael Härtel
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Sebastian Carlson : oulah ! gaufre ou pas gaufre ? : pas gaufre finalement
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Matthias Kröger
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Sebastian Carlson
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Sebastian Carlson
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Valentin Grobauer
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Daniel Gappmaier
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Mark Riss (rouge), Karol Zabik (jaune) et Mark Riss (blanc)
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Kröger & Gappmaier
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Paco Castagna et Valentin Grobauer

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Speedway 100% Osterreich avec Daniel Gappmaier
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Daniel Gappmaier

Indestructible

A noter la présence du petit Karol Zabik,champion d’Europe U19 2005, champion du monde junior en 2006 et triple champion du monde U21 par équipe 2005, 2006 et 2007. Depuis 2006 Karol a subit plusieurs crashs sévères avec perte de connaissance, traumatismes crâniens, multiples fractures etc. Ce pilote d’élite Polonaise est un survivant. La sagesse devrait l’inciter à se retirer, le moindre nouveau crash pouvant lui être fatal. Pourtant Karol n’est pas venue à Pocking pour beurrer des sandwichs. Doté d’un niveau bien supérieur aux pilotes Allemands (excepté Smoli peut être), Zabik s’est livré à des chasses appuyées sur quelques pilotes comme l’un des frère Riss qui a subit les assauts du Polonais : l’ensemble des spectateurs ayant retenu leur souffle lorsque la roue avant du Polonais est venue toucher la roue arrière de la machine du frérot Riss… La catastrophe n’était pas très loin.

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Karol Zabik (rouge) vs Erik Riss (bleu)
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Karol Zabik (rouge) vs Erik Riss (bleu)
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Le champion du monde U21 2005 Karol Zabik
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Le Polonais Karol Zabik
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Prise de vitesse à l’extérieur par Karol Zabik sur Stephan Katt…
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Dépassement de Zabik sur Katt
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Heureusement le Start Marshall est muni d’un sac de bonnets afin de pallier à une éventuelle erreur d’un pilote quant à la couleur à adopter durant une manche.

DSC_5417 DSC_5421 DSC_6473J’allais oublier, avant de reprendre la route, un rapide passage sous le chapiteau Graf Arco (petite brasserie Bavaroise située à Eichendorf-Adldorf) afin de redonner mon « Pfandmarke » ticket de consigne de ma Radler…

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La quête de l’inaccessible étoile : Martin Smolinski

La quête de l’inaccessible étoile

DSC_1317Cela faisait une trentaine d’années que l’Allemagne se morfondait de ne voir l’un de ses fils raviver les couleurs noir rouge et jaune au sein du championnat du monde de speedway. Pourtant un pilote Allemand a réussi l’exploit de se qualifier au GP Challenge 2014. Le GP Challenge est une sorte d’agrégation du speedway vous permettant d’empocher en fonction de votre classement final, un précieux sésame : une place en Speedway Grand Prix, championnat du monde se courant sur une  douzaine de course et réunissant les seize meilleures pilotes mondiaux.

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Speedway made in Germany…
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Max Dilger et Martin Smolinski durant le round qualificatif à la SWC 2012 à Herxheim (Allemagne)

Je n’aurais pas il y a quelques mois encore, misé le moindre Deutsch Mark  sur Martin Smolinski, tant le parcours menant aux Speedway  Grand Prix s’apparente à l’Inferno de Dante. Le Bavarois, a réussi cet exploit en décrochant le 24 aout dernier sur la piste de Poole (UK), une place pour les SGP 2014.

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Martin Smolinski sur la piste de longtrack d’Herxheim

C’est sur le circuit de Güstrow durant la finale du championnat d’Europe U21 que j’ai eu, en même temps que l’ensemble des spectateurs l’information de la qualification de Smolinski via une annonce du speaker (quelques réminiscences de mon Fern Schnell Gut de 4 ieme  m’ayant permis de saisir la teneur du message). Près de trente ans après l’Allemand Egon Muller (champion du monde en 1983), Martin Smolinski va tenter de briller en Grand Prix 2014.

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Communion entre Smolinski et un fan
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René Schäfer coachant Martin avant un départ de manche

DSC_1781J’ai eu l’occasion de rencontrer « Smoli » sur plusieurs pistes en Allemagne (Herxheim, Berghaupten, Diedenbergen…) ou en Angleterre (King’s Lynn). Martin est depuis deux ans à mon avis le meilleur pilote Allemand de speedway et de longtrack. Il a cette année, excellé avec les Brummies de Birmingham en élite anglaise, récoltant en une trentaine de matchs 262 points (26 points de bonus). 7.56 points (avg pts) de moyenne en élite anglaise… Balèze ze Bavarois isn’t it ?

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Match gagné en Bundes Liga (Diedenbergen Vs Landshut)
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Get ready for the show !

DSC_2661 Le pilote Bavarois est un pilote qui a su rester très accessible malgré ses nombreux titres récoltés en speedway, grasstrack ou longtrack (3x champion d’Allemagne, Vice-champion du monde en LT, double champion du monde par équipe en LT).  Dans les paddocks lors des préparations machines, je n’ai jamais vu Martin refuser de signer un autographe à un gamin.  Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nombre de fans Anglais des Brummies ont rapidement adopté l’Allemand avec sa curieuse machine.  Qu’il m’est agréable de rencontrer des pilotes comme « Smoli » n’ayant pas la suffisance de pilotes pétris de certitudes persuadés d’avoir démontré le Fermat du speedway.

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Départ d’une manche à Berghaupten.

DSC_2280 Moitié MotoGp moitié Longtrack…

Le design des bécanes de Smoli m’a toujours amusé. Alors que souvent, les décors des machines de speedway sont d’une banalité affligeante, les machines de Martin détonnent par leurs designs audacieux. Une feuille de plastique pliée et découpée de façon astucieuse et le tour est joué : une moto de speedway devient l’un des engins de la Raumpatrouille Orion. Cela illustre à quel point le team du coureur Bavarois a assimilé l’importance de l’identité visuelle en marketing en sortant du lot comme l’ont fait dans le passé des écuries de courses avec par exemple la Porsche 917 Pink Pig , les Bmw Warhol ou Lichtenstein. A Herxheim durant la traditionnelle Himmelfahrtrennen (course de longtrack de l’Ascension), j’avais abordé ce sujet avec Mario Feix, l’un des mécaniciens du team. Je lui avais demandé alors, si les machines de Martin étaient encore des machines de speedway-longtrack ou des machines de motogp. Mario amusé m’a alors répondu « les deux ! avec ces machines, tu fais les deux, du speedway et du motogp ».

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Martin Smolinski et Kevin Woelbert ( SWC King’s Lynn 2012)
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Porsche 917 Pink Pig
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Martin Smolinski World Cup 2012
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Speedway World Cup : contrôle des machines de Smoli
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Ah bah si, c’est bien une machine de Speedway réglementaire !…
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Smoli sur la piste de Diedenbergen 2012
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Smoli sur la piste de Diedenbergen 2012
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Mario préparant l’une des machines de longtrack de Smoli. Herxheim
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Martin Smolinski à Herxheim.
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Deux machines de Smoli sont cachées dans ces stands : saurez vous les retrouver ?

Kampfgeist (l’esprit combatif)

Une gueule d’ange au sourire ultrabright juchée sur une machine spatiale n’est pas suffisante pour faire exploser du chrono sur des pistes de speedway. Martin est un pilote très combatif. Lors de l’event 1 de la speedway world cup disputé à King’s Lynn (UK) face aux équipes Australienne avec Holder, Crump, Batchelor ou Watt ou Anglaises avec Scott Nicholls, Woofy ou Chris Harris, les Allemands à mon grand regret se sont littéralement dégonflés, complètement dépassés par l’évènement. Pourtant, seul Martin Smolinski a développé un réel esprit combatif nous livrant quelques sublimes manches. Smolinski est un pilote vous donnant du plaisir. Gueule d’amour devient « tête de lard » lorsqu’il glisse sur une piste et n’hésite pas à aller au contact sans peur du rififi.  Mu par un bon moteur, Smolinski est un excellent « gater » capable de prendre l’ascendant sur les autres pilotes dès le premier virage (cf cette vidéo prise à Berghaupten en 2012). Depuis le début de 2013, il s’est véritablement transfiguré en un redoutable combattant en Elite Anglaise.  Martin a réussi durant le premier semestre de 2013 à être l’un des meilleurs marqueurs en Elite Anglaise. A l’aise sur les pistes courtes aux courbes étroites (exemple la piste du Gp Challenge à Poole) tout comme sur les très grandes pistes aux courbes très larges (sa très grande expérience en longtrack ne doit pas y être étrangère), Martin demeure très pertinent sur les intérieurs de pistes ainsi que sur les extérieurs.

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Une pomme par jour, la forme toujours pour Smolinski. Martin en compagnie de Tobias Kroner. René Deddens en arriere plan (capuche)
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Match de Bundesliga sur la piste de Diedenbergen

DSC_2580 DSC_2621Sur les traces d’Egon ?

Martin Smolinski n’a terminé qu’à la 4ieme place du GP Challenge. Néanmoins, la 3ieme place d’ Iversen au championnat du monde qualifie de facto le Danois (sans avoir à passer par le Gp Challenge), permettant à l’Allemand d’accéder à la dernière place.  Antichambre des Grand Prix de Speedway, le Gp Challenge intègre les meilleurs pilotes mondiaux. Martin grâce à d’excellents départs et une connaissance de la piste (trajectoires intérieurs sur la première courbe, trajectoire en sortie en recherche des zones de grip…) a réussi à prendre le dessus sur des pilotes comme Bjerre, Nermark, Pawlicki, Janowski, Jepsen Jensen ou Andersen…

Quelle sera la destinée de Smoli en GP l’année prochaine ? Atteindre le top 8 sera un gigantesque défit. Le Bavarois devra se mesurer à des pilotes comme Woffinden, Hampel, Pedersen, Sayfutdinov Holder, Ward, Zagar… Pour ce faire, en sus de ses indéniables grandes qualités, Smoli pourra certainement compter sur son équipe et l’ensemble des fans Allemands de speedway ainsi que l’un de ses fervents supporters : Egon Müller… Un grand bravo à Martin Smolinski pour son accession dans l’élite mondiale du speedway…

La Quête, cette quête de Jacques Brel !… 😉

 » Telle est ma quête,
Suivre l´étoile
Peu m´importent mes chances
Peu m´importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours « 

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Le job est fait : l’Allemagne passe le tours de qualification de la World Cup 2012 !

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Longtrack : Herxheim 17.05.2012 (Himmelfahrt Sandbahnrennen)

Dans les années 80 le génial groupe de Morrissey, The Smiths chantait What difference does it make ?. Et bien je me suis aussi posé cette question à propos de cette course de Longtrack. Quelle différence vais-je constater avec le speedway. Eternel débat entre les drifters sur courte distance et les drifters sur longue distance. Plusieurs personnes m’avaient prévenu (dont Horst Buhrmeister le tunner de B-Tuning) : la course d’Herxheim de l’ascension (Himmelfahrt) est l’un des plus gros événements Allemands annuel en longtrack. Un pilote m’a écrit un email ce week end en m’indiquant la présence d’environ 16000 spectateurs…

Auf wiedersehen Herr Riss !

Devant initialement me rendre a la course de speedway internationale de Lamothe (Patrick Goret m’ayant gentiment envoyé une invitation pour cette belle course) , j’ai du malheureusement annulé ce voyage, ne pouvant pas trop m’éloigner de mon domicile en ce moment. J’ai donc pris la décision de passer quelques heures sur le track d’Herxheim pour assister à la Himmelfahrt Sandbahnrennen. Dès mon arrivée le matin vers 9 heures,  j’ai pu vérifier ceci en essayant de me trouver une place entre les tonnes de camping-cars des pilotes. Ayant en ma possession un pass presse Speedway pour le circuit d’Herxheim, j’ai pu avoir accès aux paddocks (merci à Manuel Wüst pour le pass Lontrack pour les paddocks).

Pass et D7000 autour du cou, je me dirige vers les paddocks. Il n’y a pas doute, l’Himmelfhart sandbahn rennen d’Herxheim est la Mecque du Longtrack et du side-car : pas loin de 75 coureurs sont  venus à Herxheim. Les paddocks sont pleins à craquer de machines de longtrack et de side-car. Je suis impressionné par le logistique de certains teams : le team de side-car Branhofer (http://www.team-brandhofer.de/index.html) disposant d’un petit chapiteau très pro et d’un petit camion Iveco relativement costaud.

Sur le stand du team Brandhofer

C’est le cas aussi pour le team Venus (http://www.sidecar-team-venus.de/4.html) avec sa redoutable organisation contribuant certainement à l’obtention de bons résultats : vice-champion d’Allemagne et vice-champion d’Europe en 2011. Thomas Kunert et Markus Eibl étaient forcement là aussi (vos deux mains sont nécessaires pour compter le nombre de titre de champion d’Europe récoltés par Kunert ).

Thomas Kunert et Markus Eibl

Connaissant plus les pilotes de Longtracks (par le speedway…) que les pilotes de side-car, je me suis dirigé vers les «Longtrackers» : les « Popeye » du longtrack sont là : Mister #84 alias Smolinski est là avec ses 2 bécanes aux looks très travaillés . C’est la première fois que je découvrais les machines de Longtrack de Martin. J’ai demandé à l’un de ses meccanos (parlant bien le français ! ) s’il s’agissait d’une machine de Longtrack ou d’une machine de GP . Celui si amusé m’a répondu : « les deux, tu peux faire du GP ou du Longtrack avec….». Le CV de Martin commence à être vraiment impressionnant avec entre autres, 2 titres de champion du monde en Longtrack, un titre de champion du monde par équipe, 3 fois champion d’Allemagne en speedway, 2 fois vainqueurs en Elite league (UK)… Malgré ceci Martin reste accessible, souriant et toujours plein d’humour avec ses fans. Ses compères champions du monde par équipe : Matten Kröger, Richard Speiser et Stefan Katt sont aussi de la partie.

Achhh was passiert Smoli ?
Martin Smolinski

Katman alias Stefan Katt
Machine d’Herbert Rudolf
Machine de Richard Speiser
Matten Kröger

Mais une course internationale de Longtrack ne serrait pas une course de Longtrack sans la présence de pilote anglais ou Hollandais.

Comme aurait pu le déclamer Gabin dans un film d’Audiard :

«Ohhh, mon petit gars, écoute bien ce que je vais te dire. A c’te course les British ne sont pas venus pour griller des toasts à la colman’s mustard, ils on envoyé des as de la pétrolettes methanolées avec Adrew Appleton (2 x British Master Grasstrack champion), Glenn Phillips (British Master Grasstrack champion), Neville Tatum (frère de Kelvin) ou de Davis Speight. Et pis c’est pas tout mon petit monsieur, oh que non ! les Hollandais, tu vois, ne sont pas que des spécialistes de la tulipes et des billets de 100 Gulden, pour Herxheim, ils ont envoyés un joli bouquet de pilotes : Jannick de Jong et Lars Zandvliet !… et pour couronner ce jour de gloire et d’allégresse : la garde Tchèque avec Ales Dryml, Karel Kadlec et Richard Wolff est aussi au rendez vous !

Glen Phillips et Andrew Appleton
Andrew Appleton en discution avec Lars Zandvliet ( ? )
A votre santé Richard Wolff et Karel Kadlec ( 2 pilotes Tchèques )
Richard Wolff ( Tchèque )
Neville Tatum ( Grande Bretagne )

Si de son coté notre regretté Eric Charden voyait des étés chauds sous les maillots, j’ai de suite compris que ce printanier 17 mai serait tout aussi chaud dans les combis sur la piste d’Herxheim. Cette course de Longtrack était une première pour moi plus habitué aux courses de speedway.

Des les premiers essais sur piste j’ai de suite compris les écarts avec les speedway. L’anneau est long, même beaucoup plus long qu’en speedway : ici , nous sommes  sur une piste d’un kilomètre. La largeur de la piste d’environ 16 mètres, permet d’aligner 6 pilotes au lieu de 4 habituellement en Speedway. Ces caractéristiques sont donc des invitations à la pratique de la glisse en grand vitesse. J’ai été impressionné par les vitesses de passages des pilotes qui, couchés dans les deux lignes droites, viennent flirter avec les 120 / 130 km/h dans un nuage de poussières avant de partir en glisse dans les deux énormes courbes (16 mètres de larges).

Karel Kadlec durant les essais

Les machines de longtrack différent de leurs cousines du Speedway : un empattement plus long et une roue avant moins grande qu’en speedway permettent d’obtenir une plus grande stabilité dans les rapides et longues courbes. Afin d’encaisser les vibrations à haute vitesse et éviter au maximum que les machines ne partent en «sucettes», un amortisseur est monté en position centrale arrière en lien avec les bras oscillants (partie arrière étant fixe en speedway).

Machine d’Ales Dryml

Pour compléter ceci, j’ai vu de nombreuses fois des fourches hexagonale (cylindrique en speedway ) limitant je pense les déformations ( flambage et efforts en cisaillage ). On retrouve aussi une autres singularité en LT : l’adoption d’une boite de vitesse à 2 rapports (la présence du petit levier au dessus du levier d’embrayage trahit la présence de cette boite) permettant des départs «canons» et des vitesses en ligne droite élevées. La transmission se faisant entre la sortie de la queue de vilebrequin  et l’axe de la boite par une courroie (chaine en speedway).

Machine du jeune David Pfeffer

Contrairement aux machines speedway disposant souvent des même pièces , les machines de longtrack semblent regorger de nombreuses astuces propre à chaque team : système de récupération d’huile provenant du reniflard (et non du cadre comme en speedway) pour aller couler directement sur la chaine , élastique entre un écrou d’axe arrière et une partie du bras arrière permettant de bloquer la rotation de l’écrou, superbe réservoir en alu (Appleton), déflecteur avant , pièces en carbone…

Détail de la machine de Stefan Katt
Détail de la machine de Stefan Katt

Bien qu’étant des disciplines sportives très proches, longtrack et speedway me font porter des regards différents. Le Speedway est une guerre des nerfs, un départ raté obscurcissant de suite fortement vos chances de gagner un heat. Le premier virage est très souvent ardemment disputé : les 4 pilotes étant aux coudes à coudes sur 13 mètres de larges à prés de 80 km/h après une cinquantaine de mètres (premier virage après le départ). Le jeu consistant à « venir faire l’intérieur ou l’extérieur » du pilote se trouvant devant  soit. En longtrack même si le départ est aussi prépondérant, il me semble que la partie mécanique revêt  une importance bien plus grande qu’en speedway. En effet, sur les 1000 mètres du circuit, les pilotes essorent la poignée des gaz à fond sur deux bouts de ligne droites (2 x 250 mètres) durant environ une quinzaine de seconde. Pas de mystère, sur ces segments , les pilotes à la recherche d’une position plus aérodynamique, se couchent sur les machines. Ce n’est donc pas surprenant de savoir que les moteurs en Longtracks sont plus puissants (entre 80 et 85 chevaux) qu’en Speedway  (entre 70 et 77 chevaux). Pour autant, il y a quelque chose de grisant à voir ces courses de longtrack . Les pilotes couchés sur les machines passant devant moi puis se jetant tels des «trompes la mort» dans ces deux énormes courbes.

Cocorico ! Theo di Palma !
Matthias Flick
Nadine Frenk
Herbert Rudolf à la dérive lors d’un heat

Andrew Appleton
Theo di Palma ( FR ) et Neville Tatum ( GB )
Départ du heat 1

Heat 2 : Jannick de Jong ( NL ) en wheeling !
La Hollande l’autre pays du … Longtrack !
Cocorico : Le side de Vincent Tocheport et Vincent Bertoneche
Simili jante à bâton pour les Français !
Marco Hundsrucker et Nicole Balz
Nadine Frenk

Ich bin nummer 84 !
Stefan Katt
Karel Kadlec
Jannick de Jong ( NL )
Corina Günthör

Jannick de Jong ( NL ) en recherche de vitesse
Glen Phillips ( GB )

Au détour d’une des allées des paddocks je suis tombé nez à nez sur une fine lame du speedway et du longtrack mondial, le tchèque Ales Dryml . Je me suis présenté en lui indiquant que je venais de France. Nous avons pu échanger quelques mots durant quelques minutes. Il m’a confirmé sa venue en France (dans le sud…) pour les prochaines courses de longtracks. Lui ayant indiqué que mes préférences allaient plus vers le speedway que le Longtrack, Ales m’a répondu qu’il trouvait le pilotage en speedway beaucoup technique qu’en longtrack.  Une mention spéciale pour les pilotes de side-car : plonger à 10 cm du sol dans une courbe baignée par un nuage dense de poussière à pleine vitesse requiert un certain cran !…

Ales Dryml ( CZ )
Ales Dryml ( CZ )

Richard Wolff( CZ ) et Ales Dryml ( CZ )
Richard Wolff ( CZ )
Waouuuuu ! Smolinski !

Et pour les plus anciens fans, la minute nostalgie :

Un bloc de legende : le GR 500 de Don Godden !

Détail d’une pompe à huile d’un ancien bloc Jawa

Divine vision : the Father , the Sond and the Holly spirit of Speedway !