1/2 F FIM Europe Mâcon France 14.06.2014

 En rouge et blanc

Ces deux couleurs furent certainement les éléments les plus représentatifs de cette demi-finale du championnat d’Europe U21. C’est ce que je me suis dit vers quatre heures du matin, à mi-parcours de ma quasi nuit blanche durant mon trajet de retour : les douloureuses couleurs de mes bras rougis m’ayant rappelées que l’après midi durant, malgré la crème solaire, l’astre d’or s’était chargé de roussir mon épiderme.

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Hubert Legowik (Pologne)
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Adrian Cyfer (Pologne) fixant la ligne de départ prêt à bondir.
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Essais pour Xavier Muratet (France)
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Jour de tonnerre
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Adrian Cyfer (rouge), Vicentin (jaune), Vida (blanc)
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Adrian Cyfer

Rouge et blanc aurait pu correspondre aussi à ces gorgeons servis dans ces Duralex lors d’un amical repas il y a quelques mois au sein du moto club de Mâcon. Mais ces deux couleurs rouges et blanches furent avant tout les couleurs polonaises du plastron porté par le pilote Adrian Cyfer, vainqueur de la ½ finale du championnat d’Europe U21. Pour le grand bonheur des spectateurs, trois pilotes Polonais sont venus sur l’anneau de Mâcon, avec pour chacun, le même objectif en tête : décrocher l’un des cinq tickets pour la finale du championnat d’Europe.

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Adrien Cyfer
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Hubert Legowik
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Daniel Kaczmarek
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Hubert Legowik

La fièvre du samedi soir

J’attendais la première séance d’essais des UEM en fin d’après-midi afin d’observer Cyfer, Legowik et Kaczmarek découvrant et décryptant la piste de Mâcon. Après un premier tour à l’allure d’une asthmatique et croulante Warszawa tournant sur trois pattes, les aiglons polonais on déployés leurs ailes. Crévindiou ! ils envoient du kilowatt dans les courbes ces pilotes. Ils sont rapides, très rapides. Les entrées en virage sont impressionnantes : les mises en glisse des machines sont réalisées tardivement en fin de ligne de droite ce qui permet à ces trompe-la-mort d’entrer dans les courbes en conservant beaucoup d’énergie cinétique.

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Adrian Cyfer
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Adrian Cyfer
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Hubert Legowik repère l’une des ornières ayant posé quelques soucis aux pilotes
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Daniel Kaczmarek en discutions avec Adrian Cyfer

A l’âge des premiers émois en compagnie de jeunes poulettes de basse-cour, ces coquelets slaves aux ergots très affutés ne picorent pas du millet mais tournent au méthanol. Évoluant au sein des meilleurs clubs de speedway Polonais, ils sont malgré leur jeune âge déjà, des pilotes très aguerris, de véritables avions de chasse. Les mécaniciens de speedway Polonais parmi les meilleurs au monde, n’ont mis que très peu de temps pour ajuster les setups de machines et permettre ainsi à ces trois U21 Polonais d’enflammer la piste mâconnaise.

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Hubert Legowik en discussion avec Ziga et Daniel Kaczmarek
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Hubert Legowik

Bison Ravi alias Boris Vian utilisa dans une de ses truculentes chroniques, le néologisme « Pologner ». Hubert, Adrian et Daniel se sont livrer samedi au plus grand plaisir des spectateurs, à un festival de « Polognades » tant les manches disputées furent intenses mais lucratives en points.

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Adrian Cyfer
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Adrian Cyfer et John bernard

Remontons les aiguilles de notre montre Vostok durant quelques instants : les années 70 Polonaises : années d’acier forgées dans un métal soviétique bien trempé. De vielles fourgonnettes Nysa et Zuk avalaient chaque fin de semaine des Jawa DT 500 pour les recracher sur quelques pistes noires. « Tant que ces écervelés glisseront sur ces pistes de scories, ils ne se livreront pas à de subversives activités » aurait pu penser à cette époque « la mouche » alias le général Jaruzelski (décédé le mois dernier). De nos jours, La rouge et blanche Pologne est devenu avec le rouge et blanc Danemark, le grand pourvoyeur de champions de speedway. En une vingtaine d’années, l’hideuse et poisseuse chrysalide anthracite s’est progressivement métamorphosée en un papillon brillant de mille feux. Ces feux de la rampe attirant ces papillons par leurs lueurs de lucre…

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Adrian Cyfer
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Hubert Legowik
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Adrian Cyfer

Le soleil a déjà atteint son zénith depuis longtemps lorsque les derniers fourgons des pilotes du championnat d’Europe vinrent décharger roulantes et machines. Les machines des Polonais Cyfer et Legowik sont rutilantes. Aux couleurs bleus et jaunes du club de speedway de Gorzow, les machines de Cyfer ont tapés dans l’œil du badaud. Le fin liseré jaune appliqué sur les jantes des machines d’Adrian doit être certainement très à la mode dans cette voïvodie de l’ouest Polonais en ces temps.

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Machines de Mark Riss et de Nicolas Vicentin
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Machine d’Adrian Cyfer : ah ces jolies jantes noires et jaunes…

Inspiration narcissique ou ultime précaution de la part de Daniel Kaczmarec afin d’éviter de se faire « taxer » ses meules de speed en allant chercher un makowiec et deux Zywiec à l’ABC du coin, celui-ci à fait marquer en lettre blanche sur le pourtour de ses jantes noires, son prénom « Daniel ». Dans leurs livrées noires et blanches, bien plus que les machines de Tai Woffinden, ses machines me suggèrent les Bmw R32 des années 20 ou les membres des géniaux « Nonnes Troppo », s’est selon…

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machine de Daniel Kaczmarek en attente avant essais

Espresso…

En parcourant les pits des autres pilotes, je m’arrête quelques instants de-ci de-là pour prendre des nouvelles des pilotes que je côtoie habituellement sur les différentes pistes européennes. Le fougueux Vicentin est bien présent. Ce petit gars m’a toujours plu : dans ses bons jours, il enflamme la piste. Intrépide, il flirte très souvent avec les limites du raisonnable dans les courbes.

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Jolly Joker ?
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Le Français John Bernard (7) et l’Italien Nico Vicentin (8) en attente essais

Samedi soir, installé confortablement tel Jean Rochefort dans le fauteuil de la coiffeuse de cette très sensuelle Italienne (cf le mari de la coiffeuse) en deuxième position d’une manche, Nico n’avait qu’à assurer sa manche pour glaner deux points dans la « popoche » . Ma ché no ! C’est sans connaitre Nicolas Vicentin ! Déboulant tel un Sergio du stand des fééries, ce feu follet s’est mis en tête d’aller chasser du Polonais sur les terres du domaine de la Maconnade : quelle déconnade ! Nicolas terminera sa course effrénée en allant gouter au confort moelleux des airfences qui ont dû lui rappeler ce film de Jean Rochefort….

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Nico Vicentin
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Nico Vicentin
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Nico Vicentin
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Nico Vicentin

Morituri te saluant

A quelques mètres, son compatriote légionnaire Paco Castagna a élevé son camp (romain…). Dans son barda, Paco n’a pas oublié d’y ranger une furieuse envie de décrocher un pass pour la finale. L’an dernier Paco malgré d’excellentes séances d’essais a dû faire face à quelques déboires, le privant ainsi d’une place en finale. Cette année Paco fût déjà quelques heures avant de rentrer dans l’arène, très concentré. Le jeune gladiateur a livré des manches de très belles qualités avec cette combativité qui le caractérise. Dans sa dernière manche, me trouvant alors très proche de la ligne de départ, j’ai vu Paco venir repérer et préparer durant quelques minutes son ornière. Cette année, pas de problème mécanique ou de setups : Paco, gladius entre les dents, récoltera dix points (1,3,2,2,2) et décrochera la cinquième et dernière qualification pour la finale.

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Paco Castagna
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Paco Castagna

Corsaire du roi

Les frêles frégates et autres flutes de 20 canons germaniques, italiennes, Tchèques et Slovènes ont subits les assauts du redouté corsaire Bellego. Point de boucanerie ici : lettre de marque oblige, l’enseigne Bellego pratique l’abordage de pilote de speedway dans les règles, ses trajectoires sont propres, son style élégant et incisif. L’an dernier ce sympathique flibustier remplis ses coffres de Mâcon avec 15 points (3,3,3,3,3). Il terminera alors sur la troisième place lors de la finale du championnat d’Europe à Güstrow en Aout dernier. En récoltant cette année 14 points ce Surcouf du schiste s’est assuré une place en finale.

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David Bellego (bleu) vs Adrian Cyfer (blanc)

Gageons que tel le Renard de Surcouf, David sera maintenir son cap en final du championnat d’Europe U21. Il est à noter que David s’est lancé dans deux autres aventures cette année : d’une part, le championnat du monde U21 pour lequel il s’est qualifié à Stralsund (nord-est de l’Allemagne) en mai dernier. D’autre part le championnat du monde : un cruel et étrange résultat (0,0,0,0,3) en Race Off 2 à Czestochowa le 21.06 mettra un arrêt pour cette année à sa quête du GP Challenge. Championnat d’Europe U21, championnat du monde U21, championnat du monde : souhaitons un bon vent et des navigations exemptes de kraken au corsaire Bellego !

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David Bellego
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David Bellego vs Nico Vicentin
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Erik Riss vs David Bellego durant les essais de start
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David Bellego
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David Bellego

Riss soufflés

Trois Allemands furent appelés en ce 14 juin 2014 à Mâcon : les frangins Riss ainsi que le Bavarois Grobauer. La venue des trois Polonais a certainement compliqué la tâche des trois Allemands. Sur le papier l’énoncé était simple : cinq tickets pour la finale, trois Polonais et un Bellego déchainé : 5-3-1=1 ticket. L’an dernier, les Riss ont obtenus des résultats mitigés. Pour cette demi-finale, les Riss soufflés (en demandant l’indulgence de messieurs Yanne, Blanche, Dac et Dard pour la tristesse de ce jeu de mot) par une belle dynamique ont proposé de belles manches.

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Mark Riss (Allemagne)
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Mark Riss prenant les devants
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Mark Riss
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Mark Riss (bleu), Hubert Legowik (blanc)

A Mâcon, le « Deutsch-Mark » est à la hausse : il a su dynamiter ses manches. Ayant trouvés les bons setups, Marc s’est payé le luxe durant sa première manche de « taper » un des trois Polonais : Kaczmarek. Re-Mark, il se payera de la même manière un deuxième Polonais (Legowik) pour sa deuxième manche. Terminer devant ces Polonais ne fut pas une sinécure pour Mark : il lui aura fallu avoir deux départs canons sur une machine parfaitement réglée puis avaler quatre tours à toute blinde. Chapeau bas Monsieur Mark pour votre panache de ce jour. Mark accède ainsi à la quatrième place avec un score solide : 3,3,3,1,1 (11 points). Erik peut être plus à l’aise sur les pistes de longtrack s’est contenté d’un score plus modeste (1,1,2,0,3).

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Erik Riss

1406_u21_0017Géopolitique

Valentin Grobauer à l’issue de sa dernière manche, ne savait pas à quel Saint se vouer afin de vider son trop plein de sentiments mêlés. Après avoir passé la ligne d’arrivée de sa dernière manche, ses lents mouvements de casques de gauche à droite indiquaient dans quel désarroi Valentin pouvait être. Le jeune Bavarois vient de rater sa dernière manche en récoltant zéro point. Ce manque de réussite dans cette manche et malgré ses points (3,2,1,3,0) projette Valentin dans une position incertaine. Est-il certain d’accéder à la finale avec ses neuf points ? Les choses avaient très bien commencé avec une victoire durant sa première manche. Malheureusement la présence des Polonais ainsi que les bonnes prestations de Bellego ainsi que de Riss et Castagna ont fortement réduit les degrés de libertés : la moindre erreur durant une manche impactant fortement le classement d’un pilote. Avec neuf points, Valentin se classe à la sixième place, synonyme de qualification en tant que première réserve…

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Valentin Grobauer, Xavier Muratet, Florent Du Roure au micro
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Valentin Grobauer
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Valentin Grobauer in the dark

Néanmoins, qui aurait pu penser que la géopolitique mondiale allait impacter directement la vie de Valentin Grobauer ? La finale de fin aout, devait avoir lieu en Ukraine. Il est fort probable que celle-ci soit programmée dans un autre pays. Le rubik’s cube de Valentin n’a fait qu’une première rotation : reste à connaitre dans quel pays sera organisé la finale : si c’est en Lettonie, la qualification de Lebedev dans sa demi-finale permet à Valentin d’être qualifié. Si ce sont les Pays-bas, les carottes (ou plus exactement la Bayerische Weisswurst) seront cuites à moins que….(troisième rotation du Rubik’s cube…) l’un des pilotes ne déclare forfait…

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Valentin Grobauer
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Le Gdansk sandwich : une tranche Allemande entre deux tranches Polonaises
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Valentin Grobauer
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Valentin Grobauer

Carton rouge pour nuit blanche

La dix-neuvième manche a connu un dénouement des plus intriguant. Afin de se qualifier, le Polonais Kaczmarek devait remporter cette manche. Après avoir pris un excellent départ, Daniel s’est retrouvé solidement en tête jusqu’au moment où subitement Daniel a fermé les gaz en pleine ligne droite laissant filer les autres pilotes et sa qualification dans la foulée. Fou de rage, le Polonais est allé plaider sa cause en évoquant avoir vu un flash rouge (indiquant normalement un arrêt immédiat de la course en cas d’accident par exemple). Il est vraiment regrettable que ce néophyte de la glisse n’ai pas réussi à se qualifier. La rixe teintée de noms d’oiseaux qu’il y a eu lieu dans les coulisses est tout aussi regrettable. Je ne comprends pas  les commentaires acerbes en Polonais laissés par des fans sur des sites de speedway polonais. Violence et haine pour une simple course de motos… Il me vient à l’esprit ces deux noms : Jerzy Popieluszko et Tibhirine

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Daniel Kaczmarek aux couleurs du club d’Ekstraliga Leszno
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Xavier Muratet
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Roman Cejka
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Ziga Kovacic
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Ziga Kovacic (bleu), Vicentin (rouge), Muratet (jaune)
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Ziga Kovacic
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Xavier Muratet
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Ledislav Vida
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Matej Zagar à Mâcon !… euh plutôt Ledislav Vida
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Nick Lourens
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Poland, Zagar ? Cela sent le GP de France !…

Résultat :

1. Adrian Cyfer (3,3,3,3,3) 15
2. David Bellego (3,2,3,3,3) 14
3. Hubert Legowik (2,2,2,3,3) 12
4. Mark Riss (3,3,3,1,1) 11
5. Michele Paco Castagna (1,3,2,2,2) 10
6. Valentin Grobauer (3,2,1,3,0) 9
7. Nicolas Vicentin (0,2,3,1,2) 8
8. Daniel Kaczmarek (2,3,0,2,D) 7
9. Erik Riss (1,1,2,0,3) 7
10. Roman Cejka (2,1,0,2,D) 5
11. Ziga Kovacic (0,0,0,2,2) 4
12. Ledislav Vida (2,0,1,0,1) 4
13. Ondrej Smetana (1,1,W,0,2) 4
14. Xavier Muratet (D,1,1,1,1) 4
15. Nick Lourens (0,0,2,1,0) 3
16. John Bernard (1,0,W,0,1) 2
17. Julien Cayre (réserve)

Championnat de France :

Durant cette journée, s’est déroulé le championnat de France de Speedway 500cc :

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Nicki Pedersen de retour à Mâcon, enfin la doublure française de Pedersen…
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Sébastien Tresarrieu
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Sébastien Tresarrieu
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Sébastien Tresarrieu
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Sébastien Tresarrieu
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Julien Cayre
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Julien Cayre
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Julien Cayre
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Florent et Christophe aux micros
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Audran se fait une ligne de craie…
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La verité Patrick, elle est belle cette petite machine !
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Contrôle des machines

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Course pascale de Pocking (Allemagne) 20 Avril 2014

Wir fahren auf der Autobahn

Un électronique « Autobahn » grésille des enceintes de ma voiture. Quoi de plus adapté que ce morceau du génial groupe Allemand Kraftwerk pour empiler les 700 kilomètres devant me mener à la frontière Autrichienne ? Le pilote Bavarois Valentin Grobauer m’avait indiqué il y a quelques jours qu’il me serait plus judicieux de partir la veille de cette course à Pocking afin d’éviter sur l’A99 les cohortes de Bmw Touring et autres Break VW partis à la chasse aux œufs de Pâques en Bavière et en Autriche.

Cela fait une quarantaine d’années que je traverse l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie. D’abord installé dans un landau, bien peinard sur la banquette arrière en skaï noir de la Renault 16 de mon père puis ce fût en Sochalienne 504 et 505 jusqu’au jour où, le permis en poche, je pris la route afin de couvrir les 1600 km séparant ma Lorraine de Miskolc en Hongrie, située non loin de la frontière Ukrainienne à bord de ma modeste Opel Corsa. La nuit, je redoutais le passage des teutoniques Porsche, Bmw et des « Kolossales » Mercedes : me doublant telles des Heinkel UHU en chasse dans un lourd vrombissement. Ma guimbarde embarquée dans leur souffle, swinguait alors frénétiquement tel un zazou dans une cave de Saint-Germain-des-Prés…

Servus Bavaria !

Durant ces quarante dernières années, je n’ai que très rarement rencontré des rubans de goudron désert en Allemagne. Ce fut le cas ce week-end. Ayant suivi le conseil de Valentin, je suis arrivé à Munich des samedi soir sans encombre. Ils sont marrant ces Bavarois. Tel un Diesel, ils ont du mal à démarrer puis la confiance installée, ils débordent de chaleurs en vous accueillant avec un traditionnel « Grrrrrüss gott » ou un « Serrrrrvus », une Helles im Glas à la main. En fin de soirée, quelques minutes à regarder perplexe à la téloche, « Deutschland sucht den Superstar » on suffit pour confier ma nuit à Nyx.

Pocking ?

Après la matinale rencontre avec l’ami ricoré, j’ai pris la route menant à Pocking, petite ville située à quelques kilomètres de la frontière Autrichienne. Paradoxalement, la quasi-totalité des pilotes de cette course n’ont jamais tourné sur cette piste. Pourtant l’anneau de Pocking, est une très belle et grande piste. Pocking est une piste légendaire. Le Rothal Stadium (stade accueillant la piste) fut construit au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

DSC_4952Entre les années 60 et 70, le Msc Pocking, a organisé des courses sur son anneau de Longtracks de 750 mètres. Puis dans les années 80, Pocking, après avoir modifié le tracé de sa piste a accueilli des courses de speedway. Une inscription sur l’un des bâtiments, rappel que la finale du championnat du monde 1993 s’est déroulée sur cette piste Bavaroise avec des pilotes tels que Sam Ermolenko, Tomasz Gollob, Hans Nielsen, Per Jonsson, Leigh Adams, Erik Gundersen, Greg Hancock ou un certain Armando Castagna… Vous avez dit Castagna ?…

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pocking_0019Un imbroglio juridique contraint le club à ne pouvoir organiser que deux évènements pas an. L’an dernier, en raison de la pluie tombée en Avril, le club a ouvert : 0 jour…(0 virgule 0 Monsieur Blutarsky…) Cette situation impact lourdement le club : impossibilité de participer à la Buli (Bundesliga), impossibilité de participer à la Team Cup, impossibilité d’organiser des entrainements. Imaginez la frustration des pilotes habitant à moins de cinq minutes de la piste devant faire plusieurs centaine de kilomètres pour s’entrainer. Non, ceci n’est pas un exemple d’abus de droit.

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Machines de Longtrack de Stephan Katt au premier plan

C’est le jeune Marc Herter qui m’a accueilli sur le parking du circuit. La veille, il a participé à une course de juniors durant laquelle il a récolté 7 points. Très cordialement, il me propose de boire un jus. Je reconnais quelques membres du club de Diedenbergen. Cela me fait plaisir de les voir. Nous parlons chiffons methanolés durant quelques instants avant que je rejoigne les paddocks afin de récupérer mon laissez-passer. Quelques pilotes sont déjà présents : Valentin Grobauer, Martin Smolinski, Stephan Katt, ainsi que l’Italien Paco Castagna. Je salue Johannes Grobauer ainsi que Valentin. Il a remporté la veille une course junior haut la main. Johannes (merci à lui) me tend mon bracelet rose fluo me permettant de circuler librement dans l’enceinte du club.

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I have a dream by Sebastian Carlson
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Better than dreaming a live…
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Machine de Sebastian Carlson
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Machine de Mark Riss

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Je me dirige vers la piste afin de l’observer et de connaitre l’état de sa surface. Le Samedi la pluie a trempé la piste mais un vent assez fort a réussit à sécher celle-ci. La matière est assez bien tassée tout en restant tout de même relativement meuble. Pocking est une piste de 400 mètres munie de deux courbes d’environ 17 mètres de large et de deux lignes droites d’environ 90 mètres et de 10 mètres de large.

DSC_5129Matador local :

Habitant à moins de cinq minutes de la piste, Valentin Grobauer se devait d’être présent à Pocking. La veille, Valentin a remporté (3,3,3,3,3) la course U21 organisée par le club de Pocking. Setups parfait alors, Valentin m’a indiqué que ses départs étaient impeccables. 24 heures plus tard, Valentin a connu des problèmes dans ses réglages le pénalisant lourdement dans ses départs. Afin de trouver une solution, il a alors tenté d’adopter différents réglages (rapports de pignons) en vain. Avec seulement 5 petits points (1,1,2,1,0,0) récoltés, cette journée sera certainement pour lui à oublier rapidement.

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Les cloches de Rome :

Le sympathique Paco Castagna est là. Pour ce petit gars originaire d’Italie du nord, le sourire n’est pas une option. Cela fait plusieurs fois que je le croise sur différentes pistes Européennes. A chaque fois Paco à la banane. Le speedway semble être pour lui avant tout un plaisir. Il a répondu à l’invitation du club de Pocking. J’évoque avec lui sa première manche du championnat Italien de cette année au cours de laquelle, il a terminé à une excellente 3 ieme place.

L’un des membres de la course procède à la vérification de ses machines. L’examinateur est intrigué par les jantes (fabricant Italien Kineo) de Paco avec rayonnage externe et non interne. « Ma ché ! elles sont chââârmantes mes jolies jantéééés ».

Je plaisante avec Paco sur ses moteurs Jawa JRM en lui indiquant que probablement dès l’année prochaine, il sera le dernier pilote à utiliser des Jawa en sus et lieu des GM Italiens. Il sourit et m’informe que même Nicolas Vicentin commence à utiliser des GM Italiens. Je jette un coup d’œil en dessous des protections moteurs : Elise et Azure sont inscrits sur ses moteurs. Paco perpétue cette tradition qu’adoptent quelques pilotes en baptisant leurs moteurs d’un prénom afin de les reconnaitre.

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Paco Castagna !

Je demande à Paco s’il a pu faire un essai avec sa machine le matin. Il me répond par la négative: sa première manche fera office de galop d’essai. La récolte de la « châtaigne » (Castagna en Italien) fut très bonne avec 13 points (2,3,3,2,0,3). Paco fût l’un des acteurs volontaires de cette journée. Menant de belles manches, se jouant des Dupont et Dupond Allemand (Mark et Erik Riss), de Valentin Grobauer ou même de l’expérimenté Stefan Katt.

DSC_5526Pour cette course, Paco a sorti le « matos » des grands jours en ayant monté son système de blocage de suspension lors des départ (système Speedway Start System de Tomasin R&D utilisé un temps par Tai Woffinden). Afin d’armer telle une arbalète son bidule, Paco de manière très étrange donnait l’impression de grimper sur sa fourche avant chaque manche.

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Castagna : la châtaigne !
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L’arme secrète de Paco pour les départs canons : le vérin magique…
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Amorçage du bidule secret toujours pour les départs canons de Paco.

L’attitude de Paco sur ses machines en courbe me suggère le style du Suédois Andreas Jonsson. Plutôt grand, Paco adopte dans les courbes une position droite en laissant trainer en arrière sa semelle de fer. Il est bien possible que Paco soit avec Nicolas Vicentin présent à la ½ finale du championnat d’Europe U21 à Mâcon le 14 juin prochain…

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Manche 20 Castagna prenant la tête devant l’Allemand Katt

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Michael Härtel
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L’Autrichien Daniel Gappmaier au départ de la manche 11
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Les fauves sont lâchés : Le Polonais Karol Zabik et le Danois Mikkel Salomonsen
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Le Danois Mikkel Salomonsen (rouge) et Daniel Gappmaier (blanc)
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Michael Härtel
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Michael Härtel

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Erik Riss & Michi Härtel

Jésus Christ superstar

Le fils « prodige » de la nation Allemande est là. Malgré son accession au championnat du monde, Martin a pris le temps de venir à Pocking. Son stand, astucieusement décoré tel le stand d’un camelot de foire, est déployé en un temps record. Martin a déjà couru la veille à Landshut (Landshut vs Brokstedt). Sa victoire au grand prix de Nouvelle-Zélande n’a pas gonflé la tête de Smoli. Pour preuve, à la demande d’une famille, Smoli est sorti du club de Pocking afin de se diriger sur le parking pour apposer sa signature sur une photo fixée sur un camping car. Voyez-vous un autre pilote de Grand Prix faire ceci ?

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Séance d’autographe improvisée sur un camping car : sympathique ce Smoli

Martin promeut avec bonheur le speedway qu’il affectionne tant. Les fans aiment Smoli. Smoli aime ses fans. Certains fans de Smoli n’ont pas hésité à se faire tatouer des « Smolis en roue arrière » sur les biscotos. Je dois vous le confesser, j’ai longtemps hésité à me faire tatouer la cueillette des olives en Basse-Provence tant cette dernière me ravit aussi. Martin s’est montré avenant avec ses fans de 7 à 77 ans : n’hésitant pas signer des autographes et faire des photos avec des fillettes quasi en transe ou de porter l’accolade aux personnes qu’il affectionne. E,U,I,A,L,T,R,S,M Bertrand Renard une suggestion ? Et bien en 9 lettres nous avons ALTRUISME…

DSC_5032 DSC_5033 DSC_5038L’objet du litige

Smoli est venu avec deux machines ressemblant fort à ses machines de grand prix. Sur le côté gauche de ses guidons, on retrouve une bague en plastique munie de deux boutons pilotant son allumage. C’est ce dispositif qui a déclenché la réprobation des 15 autres coureurs de grand prix à l’égard de Smoli. Ces derniers voient en ce dispositif un élément irrégulier dotant le team #84 d’un avantage non négligeable. En effet, les deux boutons permettent en cours de course à Martin de faire varier les réglages de son allumage lui permettant ainsi d’obtenir deux comportant distincts pour son moteur.

Ainsi, en fonction de la stratégie choisie durant une manche (et non plus juste avant une manche), Martin peu adapter ses réglages afin d’être plus à l’aise soit en intérieur de courbe, soit en extérieur. Wunderbar ! J’avais il y a quelques mois parcouru le règlement de la FIM 2014 et notamment la partie consacrée à la gestion de l’allumage. « Tiens, ils ouvrent le règlement en permettant l’usage de l’asservissement électronique de l’allumage tout en interdisant toujours la télémétrie me suis-je dit alors ». J’avoue avoir souri à la lecture de ce paragraphe très équivoque car non explicite (expliciter n’étant pas expliquer).

Est-ce que cet interrupteur apporte un avantage au Team de Smoli : oui. Martin est il un petit filou ? Non pas du tout. La démarche du Team 84 est même plutôt fine et très pro. Une lecture attentive du règlement de la Fim ainsi qu’une ingénierie correcte a permis au team de proposer une avancée technique cohérente et conforme.

Nda : Depuis le GP de Nouvelle-Zélande, la FIM a fignolé sont règlement. Dorénavant la variation des réglages de l’allumage durant une manche n’est pas permise. Cela signifie que Smoli peut toujours avoir un interrupteur (sous sa selle par exemple) qu’il ne peut utiliser durant une manche. Ceci n’a pas empêché Martin d’accéder au semi-finale avec 7 points lors du deuxième GP à Bromberg.

DSC_5027 DSC_5028 DSC_5041Pour ce qui est de la prestation de Martin à Pocking,  je ne ferais pas offense à Martin en indiquant qu’il a assuré ses manches sans forcer. Il a dominé l’ensemble de ses manches outrageusement. Le Bavarois est un cran au-dessus, nettement au-dessus tout en assurant le SAV à grand renforts de wheeling et autres cabrioles sur sa machine.

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Qu’est ce qu’il fout Smoli ? Le fil est monté et il bouge pas !…
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Ah si, il bouge tout de même !…
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Smoli (blanc) et Sebastian Carlson (jaune)
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Achhh ! ich will envoyer la Gross Kartoffeln !

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DSC_5896DSC_5485DSC_5483Sur le papier, la sélection de pilotes Allemands devait l’emporter face à la sélection de pilotes Européens composée de pilotes d’un niveau plutôt moyen. Le score final ne laisse aucun doute : 77 points pour l’Allemagne, et 48 maigres points pour le team Europa.

Il est bien rare qu’une sélection Allemande « mette » dans la sacoche près d’une trentaine de points à une équipe étrangère. Certes Smoli est ses copains on remporté la médaille d’or au dernier European best pairs sur la singulière piste Allemande d’Herxheim. La course de Pocking fut une course agréable à suivre. Sans enjeu, elle a peut-être manqué d’intensité dans les combats. Néanmoins, des pilotes comme l’Allemand Micchi Härtel, l’Italien Paco Castagna ou encore le Polonais Karol Zabik on proposés quelques beaux combats.

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Mark Riss (bleu) et le Tchèque Rene Vidner mangeant le fil
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Michael Härtel
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Rene Vidner pleine bourre
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Combat rapproché entre Mikkel Salomonsen (jaune) et Erik Riss (blanc)
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Michael Härtel (bleu) et Stephan Katt (jaune)
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Michael Härtel
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Sebastian Carlson : oulah ! gaufre ou pas gaufre ? : pas gaufre finalement
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Matthias Kröger
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Sebastian Carlson
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Sebastian Carlson
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Valentin Grobauer
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Daniel Gappmaier
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Mark Riss (rouge), Karol Zabik (jaune) et Mark Riss (blanc)
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Kröger & Gappmaier
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Paco Castagna et Valentin Grobauer

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Speedway 100% Osterreich avec Daniel Gappmaier
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Daniel Gappmaier

Indestructible

A noter la présence du petit Karol Zabik,champion d’Europe U19 2005, champion du monde junior en 2006 et triple champion du monde U21 par équipe 2005, 2006 et 2007. Depuis 2006 Karol a subit plusieurs crashs sévères avec perte de connaissance, traumatismes crâniens, multiples fractures etc. Ce pilote d’élite Polonaise est un survivant. La sagesse devrait l’inciter à se retirer, le moindre nouveau crash pouvant lui être fatal. Pourtant Karol n’est pas venue à Pocking pour beurrer des sandwichs. Doté d’un niveau bien supérieur aux pilotes Allemands (excepté Smoli peut être), Zabik s’est livré à des chasses appuyées sur quelques pilotes comme l’un des frère Riss qui a subit les assauts du Polonais : l’ensemble des spectateurs ayant retenu leur souffle lorsque la roue avant du Polonais est venue toucher la roue arrière de la machine du frérot Riss… La catastrophe n’était pas très loin.

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Karol Zabik (rouge) vs Erik Riss (bleu)
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Karol Zabik (rouge) vs Erik Riss (bleu)
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Le champion du monde U21 2005 Karol Zabik
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Le Polonais Karol Zabik
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Prise de vitesse à l’extérieur par Karol Zabik sur Stephan Katt…
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Dépassement de Zabik sur Katt
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Heureusement le Start Marshall est muni d’un sac de bonnets afin de pallier à une éventuelle erreur d’un pilote quant à la couleur à adopter durant une manche.

DSC_5417 DSC_5421 DSC_6473J’allais oublier, avant de reprendre la route, un rapide passage sous le chapiteau Graf Arco (petite brasserie Bavaroise située à Eichendorf-Adldorf) afin de redonner mon « Pfandmarke » ticket de consigne de ma Radler…

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Michele Paco Castagna : le speedway passionnément

Michele Castagna alias Paco Castagna pilote de l’équipe nationale Italienne et  l’un des meilleurs espoirs du speedway Italien actuel a livré a Csokipuncs Speedway une interview riche de passions et de sincérités.

DSC_6272Bonjour Paco et merci de nous donner un peu de ton temps afin de répondre à cette interview. En préambule, peux-tu te présenter..

Bonjour à tous. Et bien j’ai 19 ans et je vis à Vincenza en Italie (situé à une vingtaine de km de la piste de Lonigo). Je roule pour le club de Terenzano (le club accueillant le Grand Prix de Speedway). Cela fait si longtemps que j’ai contracté cette maladie qu’est le speedway : 19 ans ! Comme tu peux l’imaginer, tout petit j’accompagnais toujours mon père avec ma famille sur les courses. Ensuite vers l’age de 5-6 ans, j’ai commencé sur les pistes de speedway à avaler tours après tours sur ma Malaguti Grizzly 10 (50 cm3). Ensuite j’ai intégré l’école de speedway de la fédération Italienne jusqu’au jour où j’ai eu un énorme crash. C’est lorsque j’ai repris le speedway il y a cinq ans que tout s’est passé.

Paco, tu es le fils d’Armando, le fameux pilote Italien des années 80. En as-tu marre d’entendre sur chaque course, les speakers te présentant comme étant « le fils de » ? Comment gères-tu cet héritage ?

Et bien, je ne peux que m’y habituer, il n’y a pas grand-chose à faire. Honnêtement je ne m’en soucis pas en fait. Je n’y pense pas vraiment même si j’entends à chaque fois la même chose. En fait, le seul problème avec ce parallèle est que les clubs s’attendent que je fasse de grandes choses et que je gagne courses sur courses mais si je suis encore un jeunot en speedway. Je ne suis pas encore un pilote professionnel courant 4-5 fois par semaine. Je ne suis qu’un pilote parmi tant d’autres anonymes. Parfois les gens reconnaissent mon nom sur le derrière de ma combinaison et se disent « tiens ! Voyons ce qu’il a dans le ventre ». J’essaye sur chaque manche d’arriver le premier, puis lorsque cela arrive, je frappe mon torse en définitive car je pense qu’il y a peu de gens croyant en moi c’est la raison pour laquelle j’essaye de creuser mon propre sillon.

Plutôt que te demander comment tu as découvert le speedway, peux-tu nous dire pourquoi tu t’ai dirigé vers le speedway plutôt que d’autres disciplines comme le cross, l’enduro ou la vitesse comme les grands pilotes tels que Agostini ou Rossi ? En outre, que ressens-tu lorsque tu glisses dans une courbe ?

Depuis toujours je suis tombé amoureux des motos. Il n’y a pas de plus grosse passion que la moto pour moi ! Un Dimanche tu ne pourras jamais m’extirper d’un sofa lorsque passe sur une chaine, du motocross ou du MotoGP ! C’est une passion familiale. Ma mère m’a dit que lorsque j’avais deux ans, en regardant des cassettes des courses de mon père assit sur une chaise, je m’agrippai à cette dernière tout en essayant moi aussi de faire des départs… C’est dans mon sang, il n’y a vraiment que cela qui ne m’intéresse !

DSC_7134 Paco, si tu pouvais choisir entre passer la plus exaltante nuit de ta vie en compagnie d’une extraordinaire femme Italienne comme Monica Bellucci, Alessandra Mastronardi ou Caterina Murino (diner aux chandelles avant d’aller à la Scala de Milan, la Dolce Vita en somme) ou finir dernier à une course de speedway, laquelle proposition choisirais tu ?

Sans aucun doute, la course de speedway en restant avec mon team la nuit durant afin d’essayer de comprendre ce qu’il s’est passé. Puis j’espère qu’au moins une de ces jolies dames ne m’en voudra pas trop d’être en retard pour le diner ! Hahaha !

Poursuis-tu des études ou travailles-tu en parallèle du speedway ? Souhaites-tu devenir pilote pro dans le future ?

J’ai obtenu mon bac en début Aout, c’est super ! Maintenant je vais chercher un job afin de gagner un peu d’argent. Je souhaite devenir pro même si la situation actuelle n’est pas la meilleure mais mon but est bien celui-ci. J’essaye de donner le meilleur de moi en Europe ce qui me permettrait peut-être d’être appelé par un club Anglais. C’est l’endroit où tu dois être pour apprendre le speedway.

Pour toi Paco, quelles sont les qualités requises pour devenir un pilote de speedway ?

Définitivement, un bon caractère, de la « gnaque », et un gros cœur. L’esprit du gagneur j’appelle ça ! Le reste venant avec. Je pense que le talent n’est pas aussi important en speedway. Je ne pense pas être muni d’un talent naturel mais je « m’arrache » en entrainement vraiment tous les jours pour y arriver. J’ai réussi à développer ma ténacité : lorsque je perds une manche  j’arrive à analyser rapidement la raison tout en gardant la tête froide afin de repartir pour une autre manche sans être démoralisé. L’amour du jeu.

DSC_7243 A propos de ton team, et équipiers : quel est l’effectif de ton team ? Qui sont t’ils ?

Et bien ils ne sont pas vraiment nombreux. J’ai mes deux mécaniciens : Sossi qui est l’ancien meccano de mon père ainsi que Simone ancien pilote de speedway. Il y a bien sur Armando qui m’aide comme un père peut aider son fils. J’ai une psychologue du sport et docteur à plein temps  qui suggère une grosse équipe mais elle m’aide amicalement à conserver ma concentration et aussi dans mon suivi diététique et dans mes entrainements durant les courses à Terenzano ainsi que durant la période hivernale. Je dois aussi citer Simone Terenzani et Alessandro Dalla Valle qui sont respectivement manager et technicien à la fédération Italienne qui m’aident sur les pistes.

Combien as-tu de machines as-tu ? Combien utilises-tu de moteurs durant une saison ?

Je n’ai pas pléthore de matériel. J’ai deux machines complètes avec deux moteurs de rechange que j’utilise tout au long de la saison. Parmi ces moteurs figure toujours mon premier Jawa que j’utilise depuis 4 ans ! Si nécessaire, j’achète des pièces. Je ne suis pas un pilote pro ayant besoin d’avoir des machines stockées en Pologne et en Angleterre !.

Quel type de châssis utilises-tu ? (JRM, Stuha ?)

J’utilise des moteurs Jawa montés sur des chassis Jawa.

Tu utilises des jantes particulières ayant des rayons fixés à l’extérieur de la jante et non à l’intérieur. Pourquoi ce choix ? Qui fabrique ces roues ?

C’est une compagnie Italienne s’appelant KINEO qui est aussi présente en Motogp et en superbike. Il y a quelques autres pilotes de speedway ont utilisés et utilisent encore ces roues. Je trouve qu’elles offrent un plus lorsque tu es dans l’extérieur d’une courbe. Elles sont vraiment biens et je les trouve superbes non ?

DSC_5735 Même tes pneus ne sont pas les habituels Mitas Tchèques : tu sembles préférer des Golden Tyres : pourquoi ce choix ?

Cette nouvelle compagnie, investit énormément en recherche et développement depuis 4/5 ans pour concevoir et proposer un nouveau pneu de speedway. Nous sommes quelques pilotes Italiens à tester ces pneus depuis le début et nous en sommes tous venu à la conclusion, que ces pneus sont très bons, voir supérieur aux Mitas. Le boss de cette compagnie adopte une vrai éthique dans son job et pour moi, c’est sympa d’apporter mon aide à ce genre de personne (maintenant se sont ces pneus qui m’aident !).

J’étais surpris (et content) lorsque j’ai vu pour la première fois tes machines. Tu utilises des Jawa et non des GM. Pourquoi utilises-tu des Jawa en lieu et place des GM pourtant utilisés par plus de 90 % des pilotes de speedway ?

Oui c’est vrai, j’utilise des Jawa, l’un des derniers ! Les Jawa sont des bons moteurs. A mon avis peut-être pas aussi bons lorsqu’ils sont d’origines que les GM mais en les préparant, les performances sont alors comparables. Pour un pilote de speedway de mon niveau, l’acquisition des moteurs Jawa sont à ma portée. L’acquisition + la préparation d’un Jawa me revient moins cher qu’un GM. Lorsque je serais au niveau où seul le moteur fera la différence, alors je réfléchirai aux GM.

Qui prépare tes moteurs ? Est-ce Tomasin R&D ?

Non, il n’est pas mon préparateur moteur. Tomasin me fournit mes systèmes de démarrage utilisés entre autre par Woffy. Ce sont des systèmes d’une grande innovation pour le sport !

Quel est ton budget pour une saison (motos, moteurs, logistiques etc…) ?

Je peux simplement dire qu’il est élevé et que ces budgets peuvent varier pour chaque pilote en fonction du nombre de courses courus et du lieu de ces courses. Mais la passion est la passion, on ne peut faire grand-chose avec elle !

DSC_7629 As-tu des sponsors t’aidant à boucler tes budgets ? (Bitubo ? Domino ? Dainese? Nils Lubricants ?)

Oui, il y a pas mal de personnes sympas qui m’aident comme les noms que tu as cité et il y a aussi des amis qui m’apportent leurs aides tels que PPG, PLD ou F.lli Bari

Paco, tu es l’un des meilleurs pilotes italien dans le championnat Italien (avec Franchetti, Covatti, Vicentin). Actuellement pour quel club cours-tu ? Quelle est la situation du speedway en Italie ?

Et bien, il n’est pas dur d’atteindre le haut du championnat. En effet, nous avons peu de pilotes et en ce moment, certains d’entre eux sont blessés. Il est donc dur de faire de grands meetings mais nous faisons tout pour améliorer les choses. Je pilote pour le club de Terenzano Olimpia. Le speedway est très peu populaire en Italie. La raison est simple, en Italie, les gens adore regarder des joueurs payés des millions de dollars faire des allers-retours avec un ballon sur un terrain. Ils ne s’occupent pas des autres sports trop occupé à s’entre tuer au nom de leur club dans les stades. C’est déplorable. En outre il est à noter que nous avons très peu de circuit dans le nord de l’Italie. La fédération Italienne travaille dur sur ce dernier point.

Quels sont tes projets ? Souhaites tu évoluer dans d’autres clubs Européens prochainement ?

Je fonde beaucoup d’espoir dessus. Mon premier choix serait l’Angleterre. L’Allemagne serait aussi super ! J’aimerais pouvoir dès cette année ou l’année prochaine avoir la possibilité d’essayer.

DSC_7156 Quels sont les pistes que tu affectionnes particulièrement ? Préfères-tu les petites pistes anglaises ou des pistes plus grandes comme en Pologne ? Quel est ton opinion sur la piste de Terenzano : nombres de pilotes trouvant cette piste particulièrement glissante dans des conditions météos humides ?

Je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de tourner sur des anneaux en Angleterre ou en Pologne. J’aime beaucoup Terenzano, ce qui n’est peut-être pas le cas des autres pilotes. J’adore Gorican (Croatie) : une superbe piste propice aux dépassements. J’aimerais beaucoup y retourner. Olching et Güstrow (Allemagne) furent aussi très sympa à piloter. En fait je n’ai pas de piste privilégié.

Durant la manche qualificative de la speedway world cup qui a eu lieu en Mai dernier à Miskolc (Hongrie), tu as livré des très belles manches (1,3,1,3,0) avec un remarquable « fighting spirit » tout comme Nicolas Vicentin et les autres membre de l’équipe Italienne. Quel est ton analyse de la prestation de l’équipe Italienne sur cette course ?

Oui nous avant pris part à cette course en tant qu’outsiders. Nous spéculions sur une 3 ieme ou 4 ieme place sur le papier mais j’ai cru en nous. J’ai vraiment voulu insuffler un esprit de corps dans cette équipe Italienne. Je voulais absolument que l’équipe Italienne se qualifie car je voulais aller à King’s Lynn ! Mes 8 points sont un bon résultat. J’aurais « scorer » 11 points si la première manche n’avait pas était stoppé alors que j’étais devant les 3 meilleurs pilotes des 3 autres teams ! J’ai tout de même gagné 2 manches en ayant pourtant des mauvais « start » et en passant des pilotes sur des portions de pistes n’offrant pas la possibilité de doubler. Pour autant passer à côté de cette qualification fut une grande déception. Nous étions en tête du meeting jusqu’aux quatre dernières manches. Nous avons aussi joué de malchance : les arbitres ayant stoppés quatre manches alors que nous étions devant ! En outre Covatti et Franchetti se sont crashés. Mais ceci est le speedway ! Fair-play pour l’équipe Américaine !

plant1 Tu as récolté 7 points (1,3,1,1,1) à Mâcon (France) durant la ½ finale du championnat d’Europe. En atteignant la septième place, tu n’es pas qualifié à la finale de Güstrow (Allemagne) le weekend prochain. Je t’ai observé durant les séances d’entrainement du matin : tu étais très rapide avec de bons setups et de bonnes trajectoires. Durant la course, j’ai eu le sentiment que tu n’avais pas un bon feeling sur ta machine. As-tu eu des problèmes avec tes réglages d’embrayage ? (exemple avec le run et re-run de la manche 2).

Du point de vue chrono durant les entrainements, j’étais l’un des meilleurs pilotes (dans le top 4-5) mais la compétition, est autre chose ! Oui j’ai eu de gros problèmes avec mon embrayage. La seule manche que j’ai remporté est en tentant l’impossible dans un extérieur de courbe. J’ai alors cassé mon châssis et dans ma dernière manche décisive, j’ai « pincé »ma roue arrière alors tu peux imaginer ! Avec un petit point de plus j’étais qualifié. Ce petit point que j’avais acquis en étant deuxième durant ma dernière manche avant d’avoir ce problème de roue. De nouveau la loi du speedway mais même pour ce genre de mésaventure, tu dois apprendre quelque chose. J’étais avec les autres, essayant de pousser à fond mais il était impossible de passer alors !

SI des pilotes comme Milik, Pawlicki ou Loktaev se désisteraient de la finale de Gustrow pour privilégier le GP challenge à Poole (UK), as-tu une chance d’être appelé tout de même malgré ta septième place ?

Je ne spécule pas du tout sur cette situation. Si je reçois un appel, je préparerais mes bagages et prendrais la route un sourire aux lèvres.

DSC_6239 En 2012 et 2013 tu as été appelé en tant que réserve au Grand Prix d’Italie. Malheureusement, tu n’as pas couru. Nicolas Vicentin au dernier GP d’Italien, a pris part à la manche 17 mais a rencontré un problème avec sa machine. Paco, quel est peut-être la différence entre des pilotes comme Ward, Holder, Woffy ou Hampel et d’autres pilotes (issus du championnat Italien par exemple) ?

Eh bien, pas mal de différence : Ward et Holder ont un talent, un très gros talent sur leur machine. Woffy a du talent mais travail beaucoup pour l’avoir. Herbie (Greg hancock) est l’homme  qui travaille pour obtenir des bons résultats. Il a une très grosse expérience et une grande éthique. Pour nous et plus particulièrement en ce qui me concerne, je ne cours pas énormément. Ce mois-ci, j’ai participé à 4 courses et je n’ai eu aucun entrainement. Lorsque j’aurai cinq courses programmées en une semaine, je te dirai exactement la différence…

Que représente cette tortue que tu arbores sur tes t-shirts ? Est-ce ta mascotte ? Que signifie aussi ce nombre 411 ?

La tortue symbolise la lenteur. J’estime ne pas être suffisamment rapide en ce moment mais cette fameuse tortue porte un casque de l’armée avec un Pacman et une inscription « born to ride » dessus. Cela me représente. Lorsque je serai plus rapide, je choisirai une bestiole plus rapide (rire).

Pour ce qui est de 411 : étant né un 4 mars, j’adore ce chiffre depuis tout petit. 11 est le nombre fétiche de mon père. Il porté toujours ce numéro même sur les GP. Disons que c’est le nombre des Castagna ! 411 , 3 chiffres comme les stars de motocross !

Sur tes machines on trouve deux inscriptions au feutre : Maya et Eleanor. Quels sont les différences techniques entre Maya et Eleanor ?

Il n’y a pas de différence notoire. J’ai donné ces noms à mes machines. Je leur parle quand je roule avec. Nous ne formons qu’un. Beaucoup de personnes penseront que je copie V.Rossi mais j’ai commencé à surnommer mes machines de cross lorsque j’avais 6-7 ans et depuis ce temps-là je continue. Maya et Eleanor sont mes confidentes, et cela m’aide beaucoup.

DSC_7239 Tu as un autocollant “58 SIC” sur tes machines en mémoire du pilote de GP italien Maco Simoncelli décédé tragiquement en 2011 durant une course. Comment gères tu la peur lorsque tu es sur ta machine ?

Oui, j’ai sa photographie dans ma chambre ainsi que dans mon atelier. C’était un héros, arborant tout le temps un large sourire. Un « salaud de compétiteur » qui travaillait énormément pour chaque point. J’essaye de ne pas penser aux risques. La peur est une grosse bataille pour moi. J’ai toujours en mémoire cet aphorisme de Mr Jordan : “gardez à l’esprit que les limites comme la peur ne sont souvent qu’ illusions »

Quels sont tes pilotes de speedway du passé favoris ainsi que les pilotes actuels que tu adules ?

Du passé, un grand nombre. J’adore les stars du début des années 90 comme Per Jonsson ou Denis Sigalos. Pour ce qui est des « contemporains », je dois avouer que Greg Hancock m’inspire, m’influence sur chacune de mes courses.

Paco si tu devais en un mot Italien, définir le speedway, quel serait-il ?

Ahh, il y a trop de mots, beaucoup trop de mots pour qualifier le speedway. « Passione » je dirais. Cette passion pour le sport qui te maintient en vie…

DSC_7979 Dans ton sommeil, rêves-tu de speedway parfois ?

Tout le temps, des bons comme des mauvais rêves…

Valentin Grobauer, un pilote Allemand, m’a avoué un jour, qu’il avait besoin de speedway comme les junky, de drogues. Peux-tu t’imaginer sans piloter une machine de speedway ?

Haha, Vali a eu une très bonne réflexion ! C’est exactement ceci : de la drogue. Si je devais choisir de pratiquer un autre sport, je reviendrais en arrière rapidement pour refaire du speedway. C’est comme une pulsion, un amour passionné : cette boule de feu embrasant mon thorax quand je suis sur la ligne de départ. Il n’y a pas vraiment de mots pour décrire ceci. C’est la raison pour laquelle je frappe mon poitrail lors d’une victoire : c’est de là que cela vient, de l’intérieur ! Et tu ne peux vivre sans ça !

Réseaux sociaux : as-tu un compte facebook, ou un compte Twitter ?

Oui j’ai une page Facebook et j’utilise Instagram . Cela me permet de m’évader quelques instants avec des amis. En outre cela me permet de rester en contact avec des gens et d’autres pilotes !

Un grand merci Paco et je te souhaite de belles prochaines courses !

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