Championnat d’Europe d’Ice Speedway 2012 Assen (Pays-Bas)

Cette année, à Assen, ville du nord des Pays-Bas le mois de Mars fut riche pour le petit monde de l’Ice Speedway. En effet, entre les 9 et 17 Mars, se sont déroulés les championnats d’Europe et les championnats du monde. Ma première idée fût d’aller aux championnats du monde mais, n’ayant pu trouver de ticket  «bien placé» je me suis orienté vers les championnats d’Europe quelque peu déçus de n’avoir pas trouvé de ticket pour les championnats du monde.

Pensant y trouver qu’une panoplie de seconds couteaux à ce championnat, j’ai contacté Claude Gadeyne, sorte d’ermite des glaces et pilote Français d’Ice Speedway pour lui faire part de ma présence sur ces championnats et de ma crainte de ne voir que des pilotes de seconds rangs. Claude m’a de suite rassuré en m’indiquant que les championnats d’Europe, antichambre des championnats du monde accueillent habituellement les  «gros bras» de l’ice speedway venant affuter leurs pointes de métal avant les manches mondiales.

Livraison « express » sur la glace avec le van de Frank Zorn !…
Zorn ne sera pas le seul Autrichien sur la glace… Martin Leitner est de la partie
Mais la délégation Russe des experts sur glace sont là aussi !….

Et il ne se trompait pas ! Sont inscrits des pilotes comme le Finlandais Antti Aakko (8 fois champion de Finlande), les Autrichiens Franky Zorn (vice-champion du monde, champion d’Europe), Harald Simon ou Martin Leitner, le Tchèque Antonin Klatovski ou le Polonais Grzegorz Knapp. Les Russes n’ont envoyés que trois missiles : les jeunes Vassili Kossov et Artjom Novik ainsi que Dmitri Bulankin (champion du monde 2004)…Comment décrire la suprématie des Russes dans l’ice speedway mondial ? Apres avoir parcouru les résultats des championnats du monde et les différents championnats de Suède, Finlande et forcement de Russie, me vient à l’esprit cet  aphorisme : combien compte-t-on de Russes parmi les 16 pilotes du championnat du monde de speedway sur glace ? Réponse : 35… Les Alphas et Omégas des courses sur glace en somme. Depuis 1966, la Russie a fourni 38 médailles d’or, 36 médailles d’argent, 32 médailles de bronze…

Bienvenue aux championnats d’Europe d’Ice Speedway d’Assen !
Machines Hollandaises

Ayant mon sésame en poche ou plus exactement autour du poignet je découvre les bâtiments d’Assen. Dès les premiers mètres je relève une première différence avec le Speedway : d’épais tapis en caoutchouc sont installés dans les couloirs, les stands etc. Les clous de 28 mm ne sont pas étrangers à la présence de ces tapis. Arrivant dans un des espaces du bâtiment, je découvre les stands des pilotes. Les stands sont séparés par de simples barrières métalliques. Cette promiscuité permet aux pilotes d’échanger quelques mots en restant dans leur stand. Certaines délégations sont dotées de stand plus grands (car comptant plus de pilotes). D’un côté, je retrouve le stand des Hollandais avec de belle machines oranges et bleues ainsi que le les machines des Autrichiens (Charly Eibner et Franky Zorn entre autres). Les deux bécanes de Charly sont emmitouflées dans des protections noires en tissus sublimes. Je croise la star du Ice Speedway, l’autrichien vice-champion du monde Frank Zorn. Nous échangeons un petit bonjour. Frank est accessible, souriant et sympathique comme la grande majorité des pilotes de speedway ou d’ice speedway.

Claude Gadeyne et Jacques règlent la machine.

Ce collège de casse-cous a encore la sagesse de voir le speedway comme un magnifique sport mécanique peu médiatisé devant rester populaire. Je suis toujours agréablement surpris par la gentillesse de grands pilotes comme Jason Crump, Chris Holder, Ole Olsen, Gerd Riss, Tomasz Jędrzejak (champion de Pologne 2012), Martin Smolinski souriant toujours et ne refusant pas de poser avec un fan pour une photo. Bien sûr comme partout, on trouve de-ci de-là quelques rares pisse-vinaigres mais pour reprendre les paroles du président Beaufort alias Jean Gabin : « Oui, et il y a aussi des poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre ».

Machine emmitouflée dans sa housse

Machine Russe

Je poursuis ma visite des stands, en face des Autrichiens, il y a les stands Russes, Allemands, Tchèques, Finlandais, Suisse et le stand de notre Claude national ! En découvrant la machine de Claude je constate une seconde différence avec le speedway : la taille des machines d’Ice Speedway. Une moto d’ice speedway est beaucoup plus haute et massive qu’une moto de Speedway. C’est d’autant plus visible en voyant avec quelles difficultés les meccanos déplacent les machines pour procéder aux pesées ou aux quelques secondes de chauffe moteur. Une machine enregistre un surcroit de poids de 40 % voire 50 % (pour certaines machines) face à sa frêle consœur de Speedway. Grande sœur  «Icy» ne glissant pas de l’arrière train comme sa cadette de Speedway mais devant absorber des efforts importants dus à la puissance à passer et aux grips des clous sur la glace, le cadre doit être dimensionné en conséquence. Amortisseurs arrière, avant et de directions sont aussi montés pour minimiser les énormes coups de raquettes à la McEnroe et autres inamicaux  soubresauts  que se prennent ces gladiateurs dans les courbes.

La star Autrichienne Franky Zorn , vice champion du monde 2000 , champion d’Europe 2008 , plusieurs fois vice champion du monde par équipe…
Franky Zorn
2 grosses pointures du Ice Speedway : l’Allemand Gunther Bauer et le Finlandais Antti Aakko en discussion
A mon avis l’une des plus belles machines du parc , la moto du Tchèque Antonin Klatovsky
Machine d’Antonin Klatovsky

En discutant avec les Russes, je fais une autre découverte en Ice Speedway : la chauffe des moteurs ! Les officiels de Assen accordant une poignée de minutes pour la mise en chauffe des moteurs (Assen étant un circuit couvert), les meccanos ont adoptés une ancestrale méthode prodiguée certainement par un chevronné chaman : la chauffe du moteur au décapeur thermique et la couverture, méthode originale mais efficace consistant à recouvrir le moteur d’une couverture et à placer sous le carter un décapeur thermique durant une bonne heure … Pensant avoir découvert l’un des secrets du système D Russe (n’oublions pas qu’avec des génies comme Korolev, nos amis Russes on réussit à envoyer dans l’espace des moissonneuses-batteuses…) je regarde dans les autres stands : visiblement, ce savoir est partagé !

Machine du Finlandais Antti Aakko
Comment se chauffe un moteur Jawa en Ice Speedway ?
Réponse : au décapeur thermique…
Suomi Jääspeedway !
Machine de Tomi Tani au chaud en attendant la finale du 11 Mars 2012
La très belle machine de l’Allemand Franz Mayerbüchler jr
Le Suisse René Dünki
Protections made in Switzerland pour René Dünki
Machine du Suèdois Robert Henderson
Le Gouda , s’est sympa surtout avec un moteur Jawa de 70 chevaux et des clous de 28mm
Les machines de Charly Ebner ( Autriche )
salut les petits clous !… ( Machine de l’Allemand Franz. Mayerbüchler jr. )
Détail de la machine du Français Claude Gadeyne

La traditionnelle présentation des pilotes faites et les chauffes moteurs s’achevant, les mécaniciens enlevèrent les couvertures avant de remplir le réservoir de ces machines infernales, de détonant méthanol. Aux habituelles effluves de méthanol,  vient subitement se rajouter une odeur de soufre : dans l’obscurité de l’infernal couloir menant ces gladiateurs à la lumière glacée glace, les mécaniciens saisissent les démarreurs électriques afin de redonner vie aux chevaux de fer. Les quatre premiers pilotes juchés sur leur machine, vérifient nerveusement les fermetures de leur combinaison, ajustent leur lunette et exécutent quelques mouvements afin d’assouplir leurs épaules contractés.

Présentation des pilotes.
Dans le couloir débouchant sur la piste : attente des pilotes , ici le Hollandais Sven Holstein en premier plan. En arriere plan , machine du Finlandais Antti Aakko.
Triplé germanique : l’Autrichien Martin Leitner , l’Allemand Franz Mayerbüchler et l’Autrichien Franky Zorn à quelques secondes d’un départ
C’est parti pour le Hollandais Gerrit Schukken
Les Gladiateurs sont en piste : Max Niedermaier ( Allemagne ) , Gadeyne Claude ( France ) , Lindström ( Suède ) et Gerrit Schukken ( Pays-Bas ).

Un signal sonore retenti. L’ouverture du portail donnant accès à la piste vient baigner les pilotes de lumières. Les quatre gladiateurs se propulsent sur l’anneau d’albâtre. Je dois avouer avoir pris une grosse claque ainsi qu’une grosse montée d’adrénaline au départ de cette première manche. Alignés les quatre chasseurs de secondes scrutent la levée de l’élastique, avec en ligne de mire pour chacun de ces brigands du temps, une victoire de manche. Le claquement de l’élastique catapulte les pilotes sur la piste dans le bruit assourdissant des Jawa 2 soupapes. Ouaaaaah ! Les clous de métal conférant un grip exceptionnel sur la glace, les pilotes déchirent l’air. Apres une vingtaine de mètres parcourus, les pilotes enclenchent la deuxième vitesse (les machines d’Ice Speedway ayant deux vitesses alors que les machines de speedway ne disposent que d’une boite relais) avant de négocier le premier virage sans frein et sans la possibilité comme en speedway d’accentuer l’angle de glisse pour ralentir si nécessaire. Durant les soixante secondes, j’ai vu, entendu la magie du ice speedway : avec ce ruban coloré tournoyant sur une piste de glace. Les pilotes se défiant, couchés sur la glace et tentant de se dépasser dans les 2 virages de la piste à près de 100 km/h…

Claude Gadeyne en Stand-By avec ses 2 meccanos : Jean et Jacques
Vassili Kosov le champion d’Europe 2012 en attente
Mise en place sur la ligne de depart
Retour de Heat pour Charly Ebner ( Autriche )
Nettoyage des « binocles » pour le jeune Niedermaier
Le Russe Vassili Kossov et l’Autrichien Charly Ebner jr.
Artjom Novik ( Russe ) , Antti Aakko ( Finlande ) , Franky Zorn ( Autriche ) et Max Niedermaier ( Allemagne )
Antonin Klatovsky

A l’issue de cette course, et comme très souvent, c’est un Russe  qui monte sur la première marche du podium ainsi que la troisième place. C’est l’Autrichien Harald Simon qui décrochera une superbe médaille d’argent !

Gamin, je ne voyais pas trop ce qu’était la définition d’un angle aigu en géométrie. Maintenant je sais : Angle vrombissant et éphémère décrit par d’audacieux pilotes sur pistes glacées.

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