Championnat d’Europe d’Ice Speedway 2012 Assen (Pays-Bas)

Cette année, à Assen, ville du nord des Pays-Bas le mois de Mars fut riche pour le petit monde de l’Ice Speedway. En effet, entre les 9 et 17 Mars, se sont déroulés les championnats d’Europe et les championnats du monde. Ma première idée fût d’aller aux championnats du monde mais, n’ayant pu trouver de ticket  «bien placé» je me suis orienté vers les championnats d’Europe quelque peu déçus de n’avoir pas trouvé de ticket pour les championnats du monde.

Pensant y trouver qu’une panoplie de seconds couteaux à ce championnat, j’ai contacté Claude Gadeyne, sorte d’ermite des glaces et pilote Français d’Ice Speedway pour lui faire part de ma présence sur ces championnats et de ma crainte de ne voir que des pilotes de seconds rangs. Claude m’a de suite rassuré en m’indiquant que les championnats d’Europe, antichambre des championnats du monde accueillent habituellement les  «gros bras» de l’ice speedway venant affuter leurs pointes de métal avant les manches mondiales.

Livraison « express » sur la glace avec le van de Frank Zorn !…
Zorn ne sera pas le seul Autrichien sur la glace… Martin Leitner est de la partie
Mais la délégation Russe des experts sur glace sont là aussi !….

Et il ne se trompait pas ! Sont inscrits des pilotes comme le Finlandais Antti Aakko (8 fois champion de Finlande), les Autrichiens Franky Zorn (vice-champion du monde, champion d’Europe), Harald Simon ou Martin Leitner, le Tchèque Antonin Klatovski ou le Polonais Grzegorz Knapp. Les Russes n’ont envoyés que trois missiles : les jeunes Vassili Kossov et Artjom Novik ainsi que Dmitri Bulankin (champion du monde 2004)…Comment décrire la suprématie des Russes dans l’ice speedway mondial ? Apres avoir parcouru les résultats des championnats du monde et les différents championnats de Suède, Finlande et forcement de Russie, me vient à l’esprit cet  aphorisme : combien compte-t-on de Russes parmi les 16 pilotes du championnat du monde de speedway sur glace ? Réponse : 35… Les Alphas et Omégas des courses sur glace en somme. Depuis 1966, la Russie a fourni 38 médailles d’or, 36 médailles d’argent, 32 médailles de bronze…

Bienvenue aux championnats d’Europe d’Ice Speedway d’Assen !
Machines Hollandaises

Ayant mon sésame en poche ou plus exactement autour du poignet je découvre les bâtiments d’Assen. Dès les premiers mètres je relève une première différence avec le Speedway : d’épais tapis en caoutchouc sont installés dans les couloirs, les stands etc. Les clous de 28 mm ne sont pas étrangers à la présence de ces tapis. Arrivant dans un des espaces du bâtiment, je découvre les stands des pilotes. Les stands sont séparés par de simples barrières métalliques. Cette promiscuité permet aux pilotes d’échanger quelques mots en restant dans leur stand. Certaines délégations sont dotées de stand plus grands (car comptant plus de pilotes). D’un côté, je retrouve le stand des Hollandais avec de belle machines oranges et bleues ainsi que le les machines des Autrichiens (Charly Eibner et Franky Zorn entre autres). Les deux bécanes de Charly sont emmitouflées dans des protections noires en tissus sublimes. Je croise la star du Ice Speedway, l’autrichien vice-champion du monde Frank Zorn. Nous échangeons un petit bonjour. Frank est accessible, souriant et sympathique comme la grande majorité des pilotes de speedway ou d’ice speedway.

Claude Gadeyne et Jacques règlent la machine.

Ce collège de casse-cous a encore la sagesse de voir le speedway comme un magnifique sport mécanique peu médiatisé devant rester populaire. Je suis toujours agréablement surpris par la gentillesse de grands pilotes comme Jason Crump, Chris Holder, Ole Olsen, Gerd Riss, Tomasz Jędrzejak (champion de Pologne 2012), Martin Smolinski souriant toujours et ne refusant pas de poser avec un fan pour une photo. Bien sûr comme partout, on trouve de-ci de-là quelques rares pisse-vinaigres mais pour reprendre les paroles du président Beaufort alias Jean Gabin : « Oui, et il y a aussi des poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre ».

Machine emmitouflée dans sa housse

Machine Russe

Je poursuis ma visite des stands, en face des Autrichiens, il y a les stands Russes, Allemands, Tchèques, Finlandais, Suisse et le stand de notre Claude national ! En découvrant la machine de Claude je constate une seconde différence avec le speedway : la taille des machines d’Ice Speedway. Une moto d’ice speedway est beaucoup plus haute et massive qu’une moto de Speedway. C’est d’autant plus visible en voyant avec quelles difficultés les meccanos déplacent les machines pour procéder aux pesées ou aux quelques secondes de chauffe moteur. Une machine enregistre un surcroit de poids de 40 % voire 50 % (pour certaines machines) face à sa frêle consœur de Speedway. Grande sœur  «Icy» ne glissant pas de l’arrière train comme sa cadette de Speedway mais devant absorber des efforts importants dus à la puissance à passer et aux grips des clous sur la glace, le cadre doit être dimensionné en conséquence. Amortisseurs arrière, avant et de directions sont aussi montés pour minimiser les énormes coups de raquettes à la McEnroe et autres inamicaux  soubresauts  que se prennent ces gladiateurs dans les courbes.

La star Autrichienne Franky Zorn , vice champion du monde 2000 , champion d’Europe 2008 , plusieurs fois vice champion du monde par équipe…
Franky Zorn
2 grosses pointures du Ice Speedway : l’Allemand Gunther Bauer et le Finlandais Antti Aakko en discussion
A mon avis l’une des plus belles machines du parc , la moto du Tchèque Antonin Klatovsky
Machine d’Antonin Klatovsky

En discutant avec les Russes, je fais une autre découverte en Ice Speedway : la chauffe des moteurs ! Les officiels de Assen accordant une poignée de minutes pour la mise en chauffe des moteurs (Assen étant un circuit couvert), les meccanos ont adoptés une ancestrale méthode prodiguée certainement par un chevronné chaman : la chauffe du moteur au décapeur thermique et la couverture, méthode originale mais efficace consistant à recouvrir le moteur d’une couverture et à placer sous le carter un décapeur thermique durant une bonne heure … Pensant avoir découvert l’un des secrets du système D Russe (n’oublions pas qu’avec des génies comme Korolev, nos amis Russes on réussit à envoyer dans l’espace des moissonneuses-batteuses…) je regarde dans les autres stands : visiblement, ce savoir est partagé !

Machine du Finlandais Antti Aakko
Comment se chauffe un moteur Jawa en Ice Speedway ?
Réponse : au décapeur thermique…
Suomi Jääspeedway !
Machine de Tomi Tani au chaud en attendant la finale du 11 Mars 2012
La très belle machine de l’Allemand Franz Mayerbüchler jr
Le Suisse René Dünki
Protections made in Switzerland pour René Dünki
Machine du Suèdois Robert Henderson
Le Gouda , s’est sympa surtout avec un moteur Jawa de 70 chevaux et des clous de 28mm
Les machines de Charly Ebner ( Autriche )
salut les petits clous !… ( Machine de l’Allemand Franz. Mayerbüchler jr. )
Détail de la machine du Français Claude Gadeyne

La traditionnelle présentation des pilotes faites et les chauffes moteurs s’achevant, les mécaniciens enlevèrent les couvertures avant de remplir le réservoir de ces machines infernales, de détonant méthanol. Aux habituelles effluves de méthanol,  vient subitement se rajouter une odeur de soufre : dans l’obscurité de l’infernal couloir menant ces gladiateurs à la lumière glacée glace, les mécaniciens saisissent les démarreurs électriques afin de redonner vie aux chevaux de fer. Les quatre premiers pilotes juchés sur leur machine, vérifient nerveusement les fermetures de leur combinaison, ajustent leur lunette et exécutent quelques mouvements afin d’assouplir leurs épaules contractés.

Présentation des pilotes.
Dans le couloir débouchant sur la piste : attente des pilotes , ici le Hollandais Sven Holstein en premier plan. En arriere plan , machine du Finlandais Antti Aakko.
Triplé germanique : l’Autrichien Martin Leitner , l’Allemand Franz Mayerbüchler et l’Autrichien Franky Zorn à quelques secondes d’un départ
C’est parti pour le Hollandais Gerrit Schukken
Les Gladiateurs sont en piste : Max Niedermaier ( Allemagne ) , Gadeyne Claude ( France ) , Lindström ( Suède ) et Gerrit Schukken ( Pays-Bas ).

Un signal sonore retenti. L’ouverture du portail donnant accès à la piste vient baigner les pilotes de lumières. Les quatre gladiateurs se propulsent sur l’anneau d’albâtre. Je dois avouer avoir pris une grosse claque ainsi qu’une grosse montée d’adrénaline au départ de cette première manche. Alignés les quatre chasseurs de secondes scrutent la levée de l’élastique, avec en ligne de mire pour chacun de ces brigands du temps, une victoire de manche. Le claquement de l’élastique catapulte les pilotes sur la piste dans le bruit assourdissant des Jawa 2 soupapes. Ouaaaaah ! Les clous de métal conférant un grip exceptionnel sur la glace, les pilotes déchirent l’air. Apres une vingtaine de mètres parcourus, les pilotes enclenchent la deuxième vitesse (les machines d’Ice Speedway ayant deux vitesses alors que les machines de speedway ne disposent que d’une boite relais) avant de négocier le premier virage sans frein et sans la possibilité comme en speedway d’accentuer l’angle de glisse pour ralentir si nécessaire. Durant les soixante secondes, j’ai vu, entendu la magie du ice speedway : avec ce ruban coloré tournoyant sur une piste de glace. Les pilotes se défiant, couchés sur la glace et tentant de se dépasser dans les 2 virages de la piste à près de 100 km/h…

Claude Gadeyne en Stand-By avec ses 2 meccanos : Jean et Jacques
Vassili Kosov le champion d’Europe 2012 en attente
Mise en place sur la ligne de depart
Retour de Heat pour Charly Ebner ( Autriche )
Nettoyage des « binocles » pour le jeune Niedermaier
Le Russe Vassili Kossov et l’Autrichien Charly Ebner jr.
Artjom Novik ( Russe ) , Antti Aakko ( Finlande ) , Franky Zorn ( Autriche ) et Max Niedermaier ( Allemagne )
Antonin Klatovsky

A l’issue de cette course, et comme très souvent, c’est un Russe  qui monte sur la première marche du podium ainsi que la troisième place. C’est l’Autrichien Harald Simon qui décrochera une superbe médaille d’argent !

Gamin, je ne voyais pas trop ce qu’était la définition d’un angle aigu en géométrie. Maintenant je sais : Angle vrombissant et éphémère décrit par d’audacieux pilotes sur pistes glacées.

Championnat du monde Ice Speedway 2012 Assen ( Pays-Bas )

Quelques photos de la manche du championnat du monde ( Assen 16 et 17 Mars 2012 ) prises par Guy Pilarczyk , journaliste du nord de la France et passionné de motos , qui depuis de nombreuses années couvre des événements comme les courses de cross , l’enduro du Touquet , l’Ice Speedway , et le Speedway ( SGP en Pologne par exemple ). C’est grâce à Guy que j’ai pu faire la connaissance de Claude Gadeyne , le seul pilote d’Ice Speedway Français !… Guy participe à une chronique moto toutes les semaines sur Campus Radio. Nom de cette sympathique émission :  »  kiqincoup Tetoupal « . Hey Guy ! il n’ y a pas de kick sur une machine de Speedway ou d’Ice Speedway !… 😉

A l’occasion des championnats d’Europe et du monde d’Ice Speedway , une expo retraçant l’histoire de l’Ice Speedway était visible :

Copyright Photo Guy Pilarczyk.
Copyright Photo Guy Pilarczyk.
L’autrichien Franz Zorn. Copyright Photo Guy Pilarczyk.
Place aux seigneurs de la glace : Nikolaj Krasnikov et D. Khomitsevitsj . Copyright Photo Guy Pilarczyk.
Copyright Photo Guy Pilarczyk.
Le sextuple champion du monde Russe Nikolaj Krasnikov réglant son embrayage Copyright Photo Guy Pilarczyk.
Nikolaj Krasnikov . Copyright Photo Guy Pilarczyk.
Le Polonais Grzegorz Knapp et le Suédois Stefan Svensson. Copyright Photo Guy Pilarczyk.
Karatsjintsev, Nikolaj Krasnikov , Max Niedermaier . Copyright Photo Guy Pilarczyk.
Le polonais Grzegorz Knapp ( casque bleu ) et Daniil Ivanov ( Rouge ). Copyright Photo Guy Pilarczyk.

Tableau des résultats sur le site du club d’Ice Speedway d’Assen.

Championnat d’Europe d’Ice Speedway 2012 : Interview de Claude Gadeyne, pilote Français d’Ice Speedway

L’Age de Glace !

Claude Gadeyne.

Casqués, une cote de maille sur le poitrail, de solides protections sur les jambes et les épaules, ces chevaliers sont juchés sur de rageurs destriers mus au méthanol. En guise de fers, 300 clous fixés sur les deux roues des motos prêts à s’agripper sur un anneau de 400 mètres de glace à une allure à faire sauter un radar sur une autoroute française …. Je suis ? , je suis ? …. Je suis l’Ice Speedway !….

A l’occasion du championnat d’Europe d’Ice Speedway qui s’est déroulé les 10 et 11 mars 2012, à Assen en Hollande, le pilote Français Claude Gadeyne m’ a accordé quelques instants avant sa ½ finale pour répondre à quelques questions.

Bonjour Claude, lorsque j’ai découvert par hasard qu’un valeureux Gaulois était parmi la liste des engagés pour les qualifications du championnat du monde 2012 à Sankt Johann (Autriche) en janvier dernier, j’ai cru d’abord à une blague … Depuis combien de temps pratiques tu ce sport à hautes sensations ?

Bonjour Csokipuncs, et sois le bienvenue à ces championnats d’Europe. Je pratique le ice Speedway depuis 2003 ce qui fera bientôt 10 ans !…

Comment as-tu découvert cette discipline ?

J’ai commencé par le motocross que j’ai pratiqué entre 1976 et 1981. Durant cette période, j’ai piloté dans la ligue des Flandres (nord de la France) ainsi que dans le championnat de Belgique (BLB-FAMB) catégorie 250/500. Je ne connaissais à cette époque pas l’ice speedway, tout au plus lorsque j’avais 14/15 ans j’ai dû tomber sur quelques articles sur l’ice speedway dans des journaux de motos. Bien plus tard, alors que je pratiquais le Grass Track / Longtrack, un mécanicien m’a parlé de l’Ice Speedway. C’est à ce moment que j’ai eu le déclic. Fin 2003 j’ai envoyé un fax en Suède à Thomas Larsson, l’un des responsables des courses sur glace en Suède. Peu de temps après, j’ai eu la surprise de recevoir une réponse de sa part. Les choses se sont accélérées par la suite lorsque je suis allé chercher ma première moto de Ice Speedway en Suède dans une petite ville proche de Stockholm. Je garde toujours précieusement  cette moto : c’est la première moto prototype fabriquée par le pilote Stefan Svensson : elle porte le numéro 01 ! Les infos ainsi obtenues et avec une moto en ma possession, des mars 2004, j’ai commencé les compétitions en Suède. En 2005 j’accédais à mes premiers quart de finale du championnat du monde à Saalfelden en Autriche.

As-tu pratiqué le speedway par le passé ?

Oui il fut un temps j’ai pratiqué le Grasstrack de 2000 à 2005 en France. En 2003 je suis devenu champion de ligue de Bourgogne en Grasstrack.

Depuis 2003, dans quels pays as-tu déjà couru et de quelle façon es-tu accueilli dans les lointaines contrées lorsque tu participes à une compétition ?

J’ai déjà couru en Suède, Finlande, Tchéquie, Pologne, Hollande, Autriche et bien sûr en Russie (la grande nation de l’Ice Speedway)  notamment à Togliatti (l’une des grandes villes de l’Oblast de Samara situé à 1200 km de Moscou…) et Ufa (l’une des villes de la république de Bachkirie !…) qui sont deux circuits réputées en Russie. Je suis très souvent plutôt bien accueilli. L’Ice Speedway ne me permettant pas de vivre, mes dépenses en frais d’hôtel sont limitées au maximum. Ainsi, il arrive que des personnes m’accueillent chez eux ce qui est très sympathique.

Lors d’une course à Togliatti, un pilote Suisse n’a pu se rendre en Russie. Viktor Domikov le patron de l’Ice Speedway Russe m’a contacté en me proposant de participer à la course. Dans l’urgence, j’ai pris l’avion en me retrouvant sans machine et sans combinaison (Posa, le pilote et légende de l’Ice Speedway Suédois ayant oublié ma combinaison dans son garage n’a pas pu la donner à Stefan Svesson qui devait me la remettre…). Le club de Togliatti n’a pas hésité à me prêter une machine de Ice Speedway et le pilote Ivan Ivanov m’a prêté une de ses combinaison.  Imagine la scène, le pilote Français sur une machine Russe et une combi aux couleurs de la Russie…Nombres de spectateurs ce jour ont dû penser être victime d’une Vodka frelatée en me voyant  !…Je ne connais pas beaucoup de sport mécanique à très haut niveaux ou l’on voit cet entre-aide…

Claude , Jacques et Jean dans le couloir quelques secondes avant le départ pour Claude.

Comment expliques tu que tu sois à ce jour , le seul représentant Français dans le monde du Ice Speedway ? Nos voisins Suisses, plus petits sont plus actifs il me semble ?

Je ne sais pas trop d’où vient ce manque d’engouement pour ce sport. En une dizaine d’année de Ice Speedway, je n’ai jamais été contacté pour me demander de parler de mon sport ou me demander des infos sur la pratique de l’Ice Speedway… Il y a longtemps, à Grenoble une piste a été construite mais elle a été laissée à l’abandon. Je pense que deux axes sont à développer, d’une part susciter l’intérêt chez les jeunes, d’autre part encourager la construction en France d’une ou plusieurs pistes de Ice Speedway. Le trophée Andros est un exemple : les sports mécaniques sur des pistes de glace/neige plaisent énormément.

Comment se déroule une saison type ? Que fais-tu durant la saison chaude (été) , ou t’entraines tu l’hiver ?

A l’inverse du Speedway ou du Longtrack , la saison estivale correspond en Ice Speedway, à la période de réfection / maintenance des machines alors qu’en Speedway l’été est la période des compétitions. Les machines sont déshabillées, les moteurs envoyés en révision. C’est aussi le moment de passer ses commandes de pièces et autres équipements. Ma combinaison par exemple vient de chez OSO Production en Russie. Pour ce qui est des entrainements, dès que possible je vais en Suède qui est la deuxième grande nation du Ice Speedway après la Russie !

Départ pour la pesée , Jean s’en charge !

Claude, peux-tu nous parler de ta machine, d’où provient-elle ? Quel  type de moteur as-tu ?  Combien utilises-tu de moteur durant une saison ?

Les magasins spécialisés dans les machines d’ice Speedway étant rare en France…, ma machine vient de chez l’un des spécialistes en la matière, à savoir du Tchèque Klatovsky. «Klabo» ancien pilote de Ice Speedway est un pro dans ce domaine. Il a communiqué sa passion à ses deux fils , Jan et Antonin qui cette année s’ont montés sur la 3ieme marche du championnat du monde par équipe. Pour autant, ma machine n’ a pas un cadre « made in » Klabo mais il s’agit encore d’un cadre JAWA dont le numéro de cadre est 029 (le 29 ieme cadre de l’année 2000 !) : un collector en somme !

Pour ce qui est du moteur, c’est un JAWA à 2 soupapes préparés (piston spécial , ressorts de soupapes) et alimenté au méthanol  que j’ai acheté au revendeur Jawa (Veijo Tuoriniemi) en Finlande. Mon moteur sort une soixante de chevaux (ce qui est moins qu’en Speedway ou Longtrack ) à environ 11500 trs/min. La maintenance est la révision du moteur est assurée par un ami. Je ne dispose que d’un seul moteur (restriction des budgets oblige !) Mes deux roues, sont équipées de clous de 28 mm ( !….) . Il y a environ 200 clous à l’arrière et 140 clous à l’avant.

Couverture et décapeur thermique sous le moteur : chauffe des moteurs en Ice Speedway !…

Lorsque tu as besoin de pièces (moteurs , clous etc.) chez qui commandes tu ?

Pour ce qui du moteur, je passe essentiellement par Jawa Finlande , pour ce qui est des pièces comme les clous , bougies etc. , dès que je passe en Tchéquie je m’arrête chez Klatovsky pour faire mes emplettes.

Quelles sont les différences entre le Speedway et l’Ice Speedway ?

Bien qu’étant cousins, le Speedway et l’Ice Speedway sont deux sports assez différents. Certes il y a des points communs sur les machines, à savoir les moteurs qui ont une cylindrée de 500 cm3, sont alimentés par du méthanol et les machines sont dépourvues de frein mais les techniques de pilotage sont complément différentes. En Speedway,  les pilotes passent les courbes en plaçant la machine en glisse. Ils peuvent contrôler la vitesse par leur glisse.  En Ice Speedway, les clous confèrent un « grip» extraordinaire. Il n’est pas question de déraper sur la glace dans les virages. Est c’est ce qui ce fait la différence : le pilote d’Ice Speedway doit maitriser le moment où il va donner moins de gaz afin de ralentir suffisamment sa machine dans l’entrée de virage puis s’avoir quand il peut donner du nouveau de la « gouache » en mi virage afin d’être de nouveau catapulter en sortie de virage…Un pilote de Speedway peut contrôler un excèdent de vitesse par sa glisse, ce qui n’est pas le cas en Ice Speedway…avec 300 clous de 28mm fixés sur les roues , le risque est je pense beaucoup plus grand…Pour ce qui est des différences mécaniques , une machine de Ice est plus lourde qu’une machine de Speedway (110 kg mini vs 77 Kg en Speedway). Ma machine à aussi une boite à deux vitesses. Je passe la deuxième au bout d’une quinzaine de mètres juste avant le premier virage.Les moteurs bien qu’étant moins puissants qu’en Speedway (2 au lieu de 4 soupapes), sont aussi beaucoup plus «coupleux» que les machines de Speedway : en sortie de virage et grâce à l’énorme grip apporté par les clous, les machines doivent repartir très fort, d’où l’importance du couple en Ice Speedway.

Qui s’y frotte , s’y pique !

As-tu une équipe de meccanos ?

Oui et cela change la vie un meccano ! Mes meccanos sont Jacques et Jean. Il est très difficile de manipuler une machine dans les paddoks tout seul pour emmener la machine à la pesée par exemple… Jacques et Jean font un travail admirable, ils savent réagir dans l’urgence, remplacer une pièce cassée lors d’un heat dans un temps records ! Lors de mon crash à Sankt Johann en Autriche en Janvier dernier, Jacques et Jean m’ont énormément soutenu.

Inspection des clous par Claude lui même.

Comment es-tu perçu par les autres pilotes ? Un pilote Français de 54 ans courant au niveau mondial en Ice Speedway c’est plutôt singulier comme situation non ?

J’entretiens de bon rapport avec les autres pilotes . L’entraide entre les pilotes même à ce niveau n’est pas rare. Lors de l’entrainement avant la course à Assen (Pays-Bas) en 2007, Nikolai Krasnikov sextuple champion du monde, m’observant sur la piste a remarqué une vibration sur la roue arrière. Il est de suite venu me voir pour me communiquer l’information.

Mise en place sur la ligne de départ. Casque jaune , le Russe  Vassili Kossov Champion d’Europe 2012 , casque bleu : Claude !

Est-ce que l’Ice Speedway connait le même engouement dans les pays pratiquant ce sport ?

Même si ce sport est pratiqué en Suède, Allemagne, Autriche, Pologne, Finlande, Suisse ou aux Pays-Bas , ce sport est très populaire en Russie, qui est la plus grande nation de l’Ice Speedway. Et ce n’est pas un hasard, il existe un championnat, plusieurs équipes, plusieurs divisions . A cela s’ajoute un grand nombre de pistes d’Ice Speedway et des conditions hivernales favorisant les entraînements sur des lacs gelés par exemple ! Il faut savoir qu’en Russie les jeunes commencent l’Ice Speedway à partir de 15 ans… Il n’est donc pas surprenant de retrouver 5 Russes à la tête du championnat du monde…

Jacques , l’homme qui dégaine la bombe d’huile plus vite que son ombre…

Quel est ton budget pour une année, as-tu des sponsors ?

Les courses de Ice Speedway ne permettent pas généralement aux pilotes de vivre de cette passion. Il y a quelques exceptions pour les stars Russes. J’exerce donc une profession.Je suis technicien de maintenance en thermique et génie climatique.

Pour ce qui de mon budget, il est des plus serré ! Je dois faire attention à la moindre dépense (hôtel, carburant de la camionnette etc…) . Je regarde même le prix des bougies racing ! Je suis donc à la recherche d’éventuels sponsors : comme je te l’ai indiqué, l’Ice Speedway est tres suivi par des millions de Russes , les Polonais , les Suédois  , les Allemands et Autrichiens. Les chaines de télévisions Russes diffusent les courses du championnat du monde et championnat d’Europe. Je pense que cela pourrait intéresser des entreprises Françaises ou d’autres pays désirant se développer à l’export et dans les pays de l’est en particulier d’avoir leur nom ou leur logo associé à l’Ice Speedway.

Présentation des pilotes : Finlande , Suède , France ! , Hollande , Allemagne, Autriche…

Est-ce que la glace varie en fonction des pays ?

La qualité de la glace ne varie pas trop en fonction du pays mais en fonction de la température. En Russie, les pistes sont souvent plus dures que dans les autres pays. A contrario, les pistes artificielles (à l’aide de machines produisant de la glace) comme à Assen sont plus tendres.

Claude en sortie d’un virage lors d’un heat

Quel est ton pilote préféré ou avec quel pilote tu t’entends particulièrement bien ?

Je n’ai pas de pilote préféré, j’entretiens de bon rapport avec tous les pilotes.

As-tu parfois peur sur la glace, juste avant un départ, comment gères tu l’angoisse de la chute ?

Non étrangement je n’ai jamais peur sur ma machine. Je suis parfaitement détendu avant un départ. Si tu as peur sur la glace, il est préférable de choisir un autre sport !

110 km/h dans les virages , 140 en ligne droite : cela vous tente ?

Les pilotes de Speedway ont leur semelle de fer sous le pied gauche. Quels sont les équipements spécifiques de pilote en Ice Speedway ?

L’armure du pilote se compose souvent de gilet en «cotte de maille» limitant l’impact des clous lors de chutes, de coques en Kevlar protégeant la colonne vertébrale, de protèges tibias , d’épaulières,   d’un sabot en plastique sur le pied gauche, de coques plastiques sur les mains, de lunettes et bien sûr d’un casque.

Tu as parfois comme d’autres pilotes, un étrange disque transparent devant tes lunettes. Quel est cet étrange objet ?

Il s’agit d’un truc bien pratique que j’ai trouvé il y a quelques années en Russie permettant de chasser les fines particules de glaces sans avoir à utiliser sa main qui ne ferait qu’empirer la situation en laissant des traces d’eau sur les lunettes.

As-tu déjà vu le film suédois « Icy Rider » retraçant la vie du pilote suédois Per Olaf Serenius alias POSA ?

Forcement oui ! je pense que tous les pilotes ont au moins regarder ce film une fois !

Numero 5 , un parfum de Glace by Claude Gadeyne

Penses-tu que le Yeti pratique à ses heures perdues l’Ice Speedway ?

(Rire de Claude) Je ne sais pas si le Yeti fait des courses sur glace…

Parles tu Russes ou Suédois ?

Non je ne parle pas Russes ou Suédois. La seule chose que j’ai sais dire en Russe c’est «Bonjour, je m’appelle Claude Gadeyne et toi comment t’appelles tu ?»

Retour aux stands de Claude après un heat de 4 x 400 mètres avalés en 60 secondes…

Est-ce que comme certains pilotes par superstition, tu montes toi-même les clous sur tes roues ?

Oh que non ! L’implantation ou plutôt la bonne implantation des clous sur une roue est un art et nécessite une très grande expérience ! Je confie mes roues à des spécialistes. J’ai par le passé acheté des roues complètes dont les implantations de clous rendaient ma moto complètement instable.

Dernière question Claude, il est sure que tu adores piloter sur la glace mais quelle parfum de glace préfères tu lorsque tu manges un sorbet ?…

(Rire de Claude) Toujours vanille la glace ! :  la couleur des pistes de Speedway !…

Merci Claude et je te souhaite une bonne ½ finale de championnat d’Europe

Pour terminer, j’aimerais remercier les équipes (pilotes, meccanos, staff etc.) de toute nationalité pour l’aide précieuse qu’elles m’ont apportée dans mes galères. L’Ice Speedway est un petit sport mais et aussi une Grande Famille !

Ps : Claude cherche à contacter une de ses anciennes connaissances . Il s’agit de Glen, un américain (de Philadelphie ?), passionné d’anciennes motos italiennes (Morini, Ducati) qu’il a rencontré lors d’une expo de motos anciennes à Sernhac entre 1991 et 1993. Si vous avez une piste à ce sujet, n’hésitez pas à ma laisser un commentaire !